Pour l'élaboration d'un manifeste du mouvement
coopératif
4e congrès
Décembre 1973
Introduction
Suite à une demande faite en ce sens par les membres, le
Conseil de la Coopération du Québec a remis à ses
membres un document "soumis comme cadre de réflexion pour
l'élaboration d'un manifeste du mouvement coopératif". Ce
texte est intégralement reproduit dans la première partie
du présent dossier.
Le Conseil d'administration de la Fédération des ACEF
du Québec, après avoir pris connaissance du document du
C.C.Q., a confié à un comité le soin de
préparer un second document visant à mettre en relief un
point de vue bien différent sur la coopération au
Québec. Ce second document apparaît dans la deuxième
partie du présent dossier .
Chaque Fédération coopérative sera appelée
à faire connaître son point de vue au C.C.Q. Nous avons
cru qu'il revenait au congrès de tracer lui-même les
grandes lignes de la position que la Fédération des ACEF
du Québec sera appelée à faire valoir.
Il s'agit certes d'un débat-clé dans l'histoire de la
coopération québécoise puisqu'il concerne son
avenir.
1.document soumis comme cadre de réflexion pour
l'élaboration d'un manifeste du mouvement coopératif
Document préparé par le Conseil de la Coopération
du Québec
Le point de vue du comité
Lors de la dernière réunion des présidents et
directeurs généraux qui eut lieu à la Forêt
Montmorency, une demande avait été formulée pour
qu'un Manifeste du Mouvement coopératif soit préparé
par le Comité d'étude et d'action coopératives.
Ce Manifeste devait exprimer les objectifs généraux
poursuivis par le Mouvement et préciser les relations que ce
dernier entend maintenir avec les principales institutions du
Québec. Aujourd'hui, les membres du Comité soumettent
à votre attention un document beaucoup moins complet que celui
qu'ils ambitionnaient lorsqu'ils se virent confier la
responsabilité de l'écrire.
Ceci est particulièrement attribuable aux difficultés
rencontrées par le Comité de dégager chez nos
institutions les attitudes et les interprétations communes
qu'elles se donnent face aux problèmes économiques et
sociaux vécus au Québec. Il était aussi très
difficile de saisir clairement des objectifs communs à
chacune, compte tenu de la diversité de leur engagement.
Le Comité a donc préféré déposer devant
vous quatorze (14) propositions dans lesquelles il suggère des
prises de position, propose ce qui lui semble être une ligne
d'action acceptable et exprime son point de vue sur les attentes du
mouvement à l'égard de d'autres institutions,
Ce document, sans prétention, se veut un cadre de
réflexion; il veut poser des jalons qui soient utiles à
chacune de nos institutions pour examiner, comparer et
préciser ce qu'elles sont comme institutions et ce que nous
sommes comme mouvement.
Le Comité aimerait donc savoir ce que pensent nos
institutions sur chacune des propositions soumises à leur
attention.
La procédure proposée
Le Comité exprime le souhait qu'un comité de travail
soit mis sur pied dans chacune de nos institutionsmembres pour
étudier, analyser et discuter les propositions émises
ici.
Au cours de l'automne, le Comité d'étude et d'action
coopératives invitera le secrétaire de chacun des
comités de travail à faire connaître les points de
vue exprimés par ses collègues et aussi faire part des
modifications ou additions suggérées par ces
derniers.
Riche de connaissances nouvelles, le Comité d'étude et
d'action coopératives s'efforcera de traduire fidèlement
dans un document (Manifeste ou "Statement of Policy") les points de
vue exprimés à la suite de cette consultation.
Propositions
- Les coopératives constituent une forme spécifique
d'organisation économique à côté des
entreprises capitalistes et des entreprises étatiques. Elles
s'en distinguent fondamentalement sur le triple plan de la la
propriété, du pouvoir et des résultats. Leurs
membres en sont à la fois les propriétaires et les
usagers; ils en assument l'orientation et le contrôle sur une
base démocratique; ils s'en répartissent les avantages
proportionnellement à l'utilisation des services faite par
chacun d'eux.
- La nature même des coopératives suppose, de la part
de leurs adhérents, une prise de conscience de leur
solidarité, une participation active faisant appel à leur
effort personnel et à leur entraide, à leur esprit
d'initiative et à leur sens de responsabilité, à
leur loyauté, à leur engagement, à leur acceptation
d'une discipline. La mise en oeuvre de la formule coopérative
s'inscrit dans le domaine économique, mais l'action ainsi
déployée prend une dimension sociale.
- Les coopératives vont occuper leur place et accomplir
vraiment leur mission dans la mesure où elles se distingueront
nettement des autres formes d'action collective qui se
développent au Québec. Si on veut en faire une sorte
d'amalgame d'action capitaliste, d'action politique, d'action
patriotique, d'action syndicale, on fait fausse route.
- Les coopératives sont des instruments de
développement dont les préoccupations et les
intérêts s'identifient avec ceux du milieu. A l'exception
des entreprises d'Etat, les coopératives peuvent constituer
les seules organisations économiques valables dont on soit
certain qu'elles ont et qu'elles garderont leurs centres de
décisions chez nous. Elles sont reliées directement
à la population et aux ressources du milieu, qu'elles
contribuent à valoriser .
- Les coopératives devraient normalement avoir deux paliers
d'action: l'un, au niveau des membres et centré sur la
satisfaction de leurs besoins immédiats et concrets; l'autre,
qui soit en fonction d'un apport à la réalisation des
objectifs économiques globaux que l'Etat détermine pour
le milieu.
- Etant donné que la première finalité de la
coopération se situe sur le plan économique, c'est dans
cette optique qu'elle doit d'abord se définir. Sans oublier,
cependant, qu'il y a interaction de l'économique et du
social.
- Il faut bien admettre que l'action des coopérateurs semble
parfois dépourvue de fil conducteur, être marquée au
coin de l'empirisme et de l'improvisation. Cela et
généralement vrai à la phase de l'implantation des
coopératives, sous l'impulsion des gens de telle ou telle
localité. Mais doit apparaître ensuite une phase de
consolidation, faisant place ensuite à une phase de réel
développement, où une coordination s'impose, une
planification doit être acceptée.
- Le mouvement coopératif est d'avis que l'Etat, en tant que
chargé du bien commun de la société, doit être
un facteur dynamique de planification et de développement
économiques. Cette planification doit cependant être
élaborée, discutée et mise en oeuvre en y associant
la population, en respectant la plus authentique démocratie.
Dans cette perspective, l'Etat devrait favoriser et même
privilégier les coopératives, en tenant compte du fait
que ce sont des organisations présentes dans toutes les
régions et engagées dans divers secteurs d'activité,
qu'elles sont des organisations motivées par le service et non
par le profit, qu'elles sont porteuses de valeurs
spécifiques.
- Le mouvement coopératif tient à affirmer son
désir de collaboration avec tous les autres organismes qui
oeuvrent dans l'intérêt et pour la promotion de
l'ensemble de la communauté. Cette collaboration sur les
points où nos objectifs se rejoignent n'implique pas, par
ailleurs, que nos différences de nature ne se manifestent pas
sur d'autres points et engendrent des attitudes neutres ou
opposées .
- Etant donné le grand nombre de valeurs essentielles pour
la promotion desquelles le mouvement coopératif et le
mouvement syndical se rejoignent, nous recommandons
l'établissement sur une base rationnelle et permanente d'un
comité coopératif-syndical pour discuter des questions
d'intérêt commun.
- La liberté, la solidarité, la démocratie, la
répartition équitable de la richesse, le sens des
responsabilités individuelles et collectives, le respect de la
dignité humaine, la participation positive et responsable
à l'avènement d'une économie qui s'inspire de ces
valeurs et les respecte: voilà ce que désirent les
coopérateurs. Et sans exclusivisme, ils jugent que la
coopération peut faire beaucoup pour, dans son secteur
d'activité, favoriser la réalisation de semblable
objectif. Et c'est dans ce sens qu'elle se définit comme un
instrument de développement, comme un agent de changement
ordonné en vue de l'amélioration de toute la qualité
de la vie.
- Le mouvement coopératif est conscient que notre
société, que notre milieu, est en voie de transformation
rapide et rencontre des défis qui s'apparentent beaucoup plus
à des défis de civilisation qu'à des défis
passagers. Pourtant dans cette société qui tend à se
construire, il y a lieu de reconnaître des aspirations qui
rejoignent sensiblement les valeurs dont la coopération est
porteuse ou auxquelles elle peut apporter une réponse.
- En somme, c'est comme un instrument de développement
plutôt que comme une idéologie que nous voulons
présenter la formule coopérative, car nous sommes bien
conscients que dans le contexte nord-américain de
socialisation, il est inévitable que l'Etat ait un rôle
de plus en plus considérable à jouer; et pour bâtir
une économie humaine, il va falloir un secteur coopératif
puissant qui travaille de concert avec l'Etat,sans que ça
n'exclut le régime capitaliste, qui va être obligé
d'être de moins en moins libéral.
- Dans ce contexte, il convient de bien souligner que la
coopération est porteuse des valeurs mentionnées
(liberté, solidarité, démocratie, etc.) à la
fois dans les résultats qu'elle donne et dans les exigences
mêmes de la formule qu'elle met en application et qui rejoint
cet être moral et social qu'estl'homme effectuant des
opérations économiques.
2. document de travail pour l'élaboration d'un manifeste
du mouvement coopératif
Document préparé par un comité de travail de la
Fédération des ACEF du Québec, composé de MM.
Gérard Marotte, Normand Caron, JeanMarc Labbé et Pierre
Marois
Le point de vue du comité
La Fédération des ACEF du Québec a été
une des Fédérations coopératives à soutenir
l'idée de l'urgente nécessité d'un manifeste
coopératif; c'est dire l'importance qu'elle attache à un
tel document.
Aussi, les membres du comité tiennent tout d'abord à
préciser qu'à leurs yeux un projet de manifeste doit
être beaucoup plus qu'un simple constat de faits; un manifeste
doit constituer une pétition de principe, une prise de
position; il doit être engagé et tourné vers
l'avenir. Bien sûr, il doit aussi contenir un inventaire et
une analyse de la réalité coopérative actuelle,
à la condition de replacer cet inventaire et cette analyse
dans le cadre d'une analyse d'ensemble de l'environnement,
c'est-àdire de la réalité québécoise.
Alors, il devient possible de regarder l'avenir, de préciser
le rôle et la place de la coopération dans une
"société possible" et, dès lors, de définir des
objectifs et une stratégie de développement
coopératif. En d'autres termes, il importe que les
coopératives québécoises disent publiquement, non
seulement leur vision du Québec actuel, mais encore celle d'un
Québec possible ainsi que la contribution qu'elles
désirent et peuvent apporter à son édification.
La coopération est l'un des instruments les plus
profondément enracinés au Québec (plus d'un(e)
Québécois(e) sur deux est coopérateur!) Cet
enracinement est l'un des plus remarquables au monde et
témoigne d'un potentiel sans pareil. Malheureusement, cet
enracinement ne nous donne pas pour autant, encore, un "mouvement
coopératif"; persistent encore trop de divisions, de
fragmentations, de sectorialisations génératrices
d'isolement et d'émiettement qui risquent d'être, par
ailleurs, purement structurelles et artificielles car, au fond,
c'est le même coopérateur québécois qui est
membre de différentes unités coopératives et qui
devrait avoir droit à l'ensemble des services
coopératifs. Dans ce contexte et malgré des efforts
très louables, la prétendue "intercoopération"
risque d'être la feuille de vigne mise sur la statue pour
masquer une partie de la réalité. A cause de
l'enracinement et du potentiel coopératif, nous proposons de
retourner aux coopérateurs québécois, à leurs
besoins et de substituer la planification du développement
coopératif à l'intercoopération.
Nous soutenons que la coopération n'a pas de vocation
sociale. Elle est socialement économique par définition
ou elle n'est pas. Limiter la coopération à l'entreprise
(qui constitue le moyen et non la fin) ou"et l'enfermer dans la
notion de propriétaire-usager ne mène pas a autre
chose
- qu'à empêcher toute planification . qu'à
empêcher toute mise en commun de ressources humaines et
financières (ce qui risque fort de faire bien l'affaire de
cartels, de monopoles et de sociétés
multinationales)
- qu'à empêcher l'ouverture de nouvelles avenues de
développement coopératif
- et finalement, risque simplement de bloquer le
développement.
La coopération est la formule choisie par des millions de
Québécois qui ont cherché des solutions à des
problèmes graves en comptant sur leur force collective. Elle
est aussi porteuse d'immenses espoirs face à de nouveaux
besoins.
Propositions
- La coopération représente pour des
Québécois un des instruments privilégiés pour
régler des problèmes auxquels ils sont confrontés.
C'est pourquoi l'entreprise coopérative constitue une forme
spécifique d'organisation économique à
côté des entreprises capitalistes et des entreprises
étatiques. Ce n'est donc pas pour rien qu'elle s'en distingue
fondamentalement sur le triple plan de la propriété, du
pouvoir et des résultats.
- Une certaine conception traditionnelle de la coopération
l'enveloppe notamment dans la notion de propriétaire-usager,
ce qui en limite énormément la portée, bloque le
développement et l'ouverture sur de nouvelles avenues et
constitue un refus de reconnaître une partie importante de la
réalité; il ne faut jamais perdre de vue que plus d'un
Québécois sur deux est coopérateur,
- même si seul le chef de famille souvent est seul
sociétaire de coopératives, tous les membres de la
famille bénéficient très souvent des services
coopératifs et cela est normal;
- près de 75% des personnes ayant bénéficié
des services de l'I.C.D. n'en sont pas des sociétaires et cela
est normal;
- les consommateurs bénéficiant du taxi-coop n'en sont
pas sociétaires et cela est normal;
- le journal "Ensemble" est lu par des personnes qui ne sont ni
administrateurs, ni membres du C.C.Q. et cela est normal;
- de nombreux Québécois, c'est connu,
non-sociétaires d'une coop de consommation de villages vont
régulièrement s'y approvisionner et c'est normal;
- devra-t-on faire payer une part sociale de $0.05 (!) à
tous les consommateurs qui bénéficient des services de
l'ACEF? ce serait faire l'autruche et ce serait anormal
C'est une chance que C.T.V.O. ait pu obtenir une charte
coopérative fédérale; sans cela, si on tient compte
de l'attitude actuelle du C.C.Q. face à d'autres demandes de
charte pour coopérative de télévision, C.T.V.O.
n'aurait jamais vu le jour, et cela est anormal.
Plus d'un Québécois sur deux est coopérateur et
il est normal que ce coopérateur bénéficie de
l'ensemble des services coopératifs actuels et à
venir.
- Parce que la coopération est fondée sur la
démocratie, il nous semble que des ressources beaucoup plus
considérables devraient être investies en information,
éducation et animation coopérative. C'est pourquoi,
- nous saluons la naissance de C.T.V.O.
- nous saluons le projet de formation Télé Coop
- nous croyons qu'une étude devrait être faite sur la
possibilité d'élargir le journal "Ensemble" et de le
rendre accessible à tous les Québécois;
- nous croyons que, vue la place importante qu'elle occupe dans
la réalité québécoise, la coopération
devrait se voir accordée une place équivalente dans le
système d'enseignement public et ce à tous les
niveaux.
- La coopération doit demeurer profondément
identifiée aux Québécois(es) et respecter les
motivations multiples qui suscitent le recours à la formule
coopérative; c'est ainsi, par exemple, qu'un sondage a bien
montré le pluralisme des motivations des sociétaires des
Cooprix. Les coopératives sont des instruments de
développement dont les préoccupations et les
intérêts doivent s'identifier au maximum avec ceux du
milieu. Et nous sommes d'accord avec le texte de la proposition 4
du rapport du C.C.Q.
- A cause de son enracinement et aussi de ses possibilités
de développement, la coopération doit être
acceptée par l'Etat comme un des instruments-clés de
participation à la fois à l'élaboration des
politiques de développement de l'Etat et aussi à leur
réalisation et cela, même envers et contre, le cas
échéant, trop d'intérêts privés,
intéressés à contrer ces politiques.
- Comme il y a interaction profonde de l'économique et du
social, la première finalité de la coopération ne
peut pas se situer sur le seul plan de la rentabilité
économique.Parce que démocratique, la coopération
doit assumer, par l'entreprise qui en est l'instrument, les
objectifs que les membres définissent afin de répondre
à leurs besoins (économiques, sociaux, culturels,
humains...) ou/et ceux de la communauté. Il va de soi que
l'entreprise comme telle doit être assurée d'une bonne
gestion et d'une administration saine et moderne'
- Nous endossons la proposition 8 du rapport du C.C.Q. mais nous
précisons toutefois qu'à notre avis, l'Etat doit
être un agent de développement au sens plein du mot,
c'est-à-dire non seulement de développement
économique .
- Il y a un grand nombre de valeurs essentielles pour la
promotion desquelles la coopération et le mouvement syndical
se rejoignent. Comme la coopération entend bien, pour sa part,
s'en faire un des promoteurs, il va de soi qu'elle entend notamment
être elle-même le témoin de conditions normales et
humaines des Québécois(es) qu'elle emploie, de leur
reconnaître le droit de se syndiquer, de négocier avec
elles en tout temps de bonne foi. telle est la base première
d'une réelle collaboration doublée de l'apprentissage
à un travail conjoint portant sur des questions
d'intérêt commun par l'établissement d'un ou de
plusieurs comités conjoints ou en recourant au service
d'organismes déjà existants et qui regroupent notamment
des syndicats et des coopératives.
- Nous endossons le texte de la proposition 7 du rapport du
C.C.Q. mais nous précisons qu'il importe que les
coopérateurs planifient leur développement avant que
d'autres empêchent définitivement toute planification ou
décident de le faire pour eux, avant que l'Etat ou la
technostructure de l'Etat ou de la coopération ne le fassent
pour eux. Pour ce faire, il importe que soient faites des mises en
commun, que les double-emplois soient évités, que les
coopérateurs québécois fassent l'inventaire de leurs
besoins et de leurs ressources disponibles et les choix qui
s'imposent.
- De plus, à notre avis, la création d'un instrument
s'impose, à savoir la mise sur pied d'un Conseil de
Planification du Développement Coopératif,
réalisable par la transformation de l'actuel C.C.Q.
- La réalisation d'un plan de développement
coopératif suppose aussi une mise en commun de ressources
financières au-delà des autonomies de secteurs et d'un
émiettement artificiel; pour ce faire, nous recommandons la
création d'une Caisse Québécoise de Crédit
Coopératif pour financer le développement. L'Etat devrait
être aussi appelé à y injecter des capitaux
manifestant, notamment par ce geste, ainsi un net parti-pris pour
la coopération.
Nous endossons la proposition 11 du rapport du C.C.Q. mais nous
suggérons d'en élargir la portée (dans la logique de
ce que nous avons dit à date), en remplaçant à la
cinquième ligne le mot "économie" par
société.
- Comme tout organisme démocratique qui se développe,
la coopération n'est pas à l'abri du danger d'en arriver
à une démocratie de façade:
- l'administration qui n'a qu'un pouvoir prêté en
venant à le considérer dans les faits comme sa
propriété,
- danger latent lorsque les paliers structurels se
multiplient,
- danger latent et presqueinhérent à une
technostructure omniprésente.
Aussi, nous signalons l'urgente nécessité d'animer
constamment la démocratie et de retourner aux
coopérateurs pour préciser les orientations d'un possible
"mouvement coopératif".
- Compte tenu de tout ce que nous avons dit et, notamment,
- de tracer un plan de développement coopératif, . de
se donner les outils de réalisation et d'encadrement de ce
développement,
- de notre proposition 12
NOUS RECOMMANDONS la tenue, dans l'année qui vient,
d'assises des coopérateurs québécois (au-delà
des secteurs), d'abord sur une base régionale, suivies
d'assises à l'échelle du Québec, le Mouvement
Desjardins ayant fait la preuve magistrale de la possibilité
de permettre à plus de 3,000 personnes de se faire
entendre.
C'est, à notre avis, aux coopérateurs
québécois qu'il revient de tracer l'avenir du possible
"mouvement" coopératif.
ANNEXE
Purement à titre d'exemple
Modèle de développement coopératif
Ce modèle a pour FINALITÉ de bâtir, au
Québec, un mouvement coopératif (impliquant la
participation à tous les niveaux), témoin d'un
modèle possible de développement du Québec.
Il implique forcément:
- que le mouvement coopératif se "branche" et y soit pleinement impliqué
- qu'une jonction soit faite avec les centrales syndicales
- que l'on travaille sur des projets de coop de production non
isolées dans le paysage et microscopiques, mais
intégrées par le plan dans des secteurs
économiques.
Ce modèle est sous-tendu par un certain nombre de principes:
- Participation à tous les niveaux des différents
agents sociaux ;
- Enlever le pouvoir à l'argent;
- Talle humaine des unités de production et des structures
(décentralisation dans les grandes);
- Tout excédent d'exploitation ne sert pas seulement au
bienêtre de ceux qui l'ont produit mais aussi au
développement du mouvement coopératif;
- Les parts sociales dans les différents secteurs ne servent
pas à souscrire du capital à la petite
propriété coopérative (et à développer
"des petits patrons propriétaires") mais servent à
alimenter le mouvement coopératif en tout ou en
partie;
- Publicité de tout compte, bilan, budget tout doit
être visible;
- Syndicalisation de tout individu;
- Information, éducation et animation permanente de la
démocratie;
- Rémunération du capital? Parts sociales non porteuses
d'intérêts, seuls les prêts sont
rémunérés;
- Ecarts de salaires plus réduits;
- Développement planifié tout en maintenant le principe
contradictoire de la concurrence entre les secteurs (pour
éviter la "fonctionnarisation");
- Politique de "contractation" entre les différents blocs
pour éviter la fonctionnarisation;
- Gérants non nommés seulement par les
coopérateurs de l'entreprise mais à la double confiance
des coopérateurs et du plan;
- Eviter la présence dans l'entreprise d'une technocratie
lourde création d'unités de technocrates contractés
pour des choses précises et limitées dans le
temps;
- Centralisation des moyens techniques et décentralisation
du pouvoir.