La COPHAN, pour et par ses membres, est un organisme à but
non lucratif, incorporé depuis 1985, qui milite pour la
défense collective des droits et la promotion des
intérêts des personnes ayant des limitations
fonctionnelles, de tous âges, et de leurs proches. Elle
regroupe trente-neuf regroupements d'organismes de personnes ayant
des limitations fonctionnelles et de leurs proches, qui ont
eux-mêmes des associations membres dans les régions du
Québec. Elle rejoint toutes les limitations
fonctionnelles : motrices, organiques, neurologiques, troubles
d'apprentissage, intellectuelles, visuelles, auditives, parole et
langage et santé mentale.
LA COPHAN s'appuie sur l'expertise et les compétences
des personnes ayant des limitations fonctionnelles et de leurs
proches et leurs recommandations doivent influencer les
décisions politiques. Le mandat de la COPHAN est de favoriser
la concertation entre ses membres, d'établir une collaboration
avec le milieu associatif et les partenaires, de représenter
et de défendre les revendications du mouvement associatif des
personnes ayant des limitations fonctionnelles auprès des
instances décisionnelles.
En tant que membre actif du mouvement communautaire autonome, la
COPHAN participe à des regroupements et à des coalitions
et, dans ce cadre, appuie le mémoire de la
Fédération des Femmes du Québec (FFQ) et de la
Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et
bénévoles (TRPOCB) dont elle est membre. Nous sommes
également membre du Réseau de vigilance, de la Coalition
solidarité santé, du Comité aviseur de l'action
communautaire autonome et de la Ligue des droits et libertés
du Québec. La COPHAN y représente le milieu associatif
des personnes ayant des limitations fonctionnelles et leurs
proches. Elle adhère également aux grandes causes
portées par ces organismes.
Grâce à la collaboration, à la consultation et
à la concertation de ses membres, la COPHAN s'implique et
intervient, aux niveaux fédéral et provincial, dans le
vaste domaine des politiques sociales : la santé et les
services sociaux, l'habitation, la famille et l'enfance,
l'éducation et la formation continue, le transport, le
travail, le développement de la main-d'œuvre, la justice,
la sécurité du revenu, l'accès à l'information,
la culture, les loisirs, la fiscalité et l'aide juridique.
La COPHAN désire être entendue, dans le cadre
de la consultation sur le document intitulé Vers un nouveau
contrat social pour l'égalité entre les femmes et les
hommes.
Du fait de l'exclusion systémique des personnes ayant des
limitations fonctionnelles, il est important de voir plusieurs
niveaux dans le mémoire que nous vous
présentons :
Un premier niveau de revendications, plus global,
touche toutes les personnes ayant des limitations fonctionnelles,
femmes et hommes, dans la mesure où ils et elles vivent un
écart important d'égalité avec les hommes et les
femmes n'ayant pas de limitation fonctionnelle.
Un niveau plus spécifique touchant les femmes
ayant des limitations fonctionnelles, concernant le rattrapage
nécessaire pour obtenir l'égalité face aux hommes
;
Un troisième niveau face aux femmes n'ayant
pas de limitation fonctionnelle.
Dans chacun des cas de figure, il reste énormément de
chose à faire afin de pouvoir exercer son droit à
l'égalité et être inclus comme citoyen et
citoyenne à par entière.
Nous comprenons que cette stratégie entre les femmes et les
hommes propose un « idéal
d'égalité » qui « suppose la
correction d'inégalité selon le sexe et
l'élimination de toutes les discriminations sur cette
base. ». Toutefois, les inégalités selon le
sexe se trouvent souvent renforcées, quand une première
inégalité, soit l'inégalité selon le handicap
ou le moyen de le pallier, n'est pas encore résolue.
Il est vrai que les 3 principes de base, les 4 moyens et les
recommandations plus spécifiques que la COPHAN propose dans ce
mémoire peuvent s'appliquer à toutes les personnes ayant
des limitations fonctionnelles, mais pour les femmes ayant des
limitations fonctionnelles, l'écart étant encore plus
grand du fait d'une double ou multiple discrimination cumulée
à une discrimination systémique.
Nous vous demandons donc, chaque fois que nous parlons de moyens
permettant un rattrapage vers l'égalité des personnes
ayant des limitations fonctionnelles, de comprendre que les femmes
ayant des limitations fonctionnelles en ont encore plus besoin, que
ce soit versus les hommes mais également, dans certains cas,
versus les femmes n'ayant pas de limitation fonctionnelle.
Avant de commencer plus spécifiquement notre analyse du
document intitulé « Vers un nouveau contrat
social pour l'égalité entre les femmes et les
hommes », nous souhaitons vous rappeler que le projet
de loi 56 modifiant la Loi assurant l'exercice des droits des
personnes handicapées et d'autres dispositions
législatives a été adopté le 15
décembre 2004, sur division, à l'Assemblée
nationale. La Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées en vue de leur intégration scolaire,
professionnelle et sociale indique entre autres que :
Article 4 : (article 1.1)
«1.1. La présente loi vise à assurer
l'exercice des droits des personnes handicapées et, par une
implication des ministères, de leurs réseaux, des
municipalités et des organismes publics et privés,
à favoriser leur intégration à la société
au même titre que tous les citoyens en prévoyant diverses
mesures visant les personnes handicapées et leurs familles,
leur milieu de vie ainsi que le développement et
l'organisation de ressources et de services à leur
égard.
À cette fin, la présente loi vise notamment à
permettre à l'Office, de s'acquitter efficacement de son
rôle en matière d'évaluation de l'intégration
des personnes handicapées, de veiller au respect des principes
et des règles que la loi édicte et de jouer un rôle
déterminant en matière de conseil, de coordination et de
concertation en vue d'améliorer les possibilités offertes
aux personnes handicapées. »
Article 30.
«SECTION III.1
«RESPONSABILITÉS GÉNÉRALES DES
MINISTÈRES, DES ORGANISMES PUBLICS ET DES
MUNICIPALITÉS
«61.1. Chaque ministère et organisme public
qui emploie au moins 50 personnes ainsi que chaque
municipalité qui compte au moins 15 000 habitants adopte, au
plus tard le (indiquer ici la date qui suit d'un an la date de
l'entrée en vigueur du présent article), un plan d'action
identifiant les obstacles à l'intégration des personnes
handicapées dans le secteur d'activité relevant de ses
attributions, et décrivant les mesures prises au cours de
l'année qui se termine et les mesures envisagées pour
l'année qui débute dans le but de réduire les
obstacles à l'intégration des personnes handicapées
dans ce secteur d'activité. Ce plan comporte en outre tout
autre élément déterminé par le gouvernement sur
recommandation du ministre. Il doit être produit et rendu
public annuellement. »
«61.2.Le ministre est consulté lors
de l'élaboration de mesures prévues par les lois et
règlements qui pourraient avoir un impact significatif sur les
personnes handicapées. »
«61.3.Les ministères, les organismes
publics et les municipalités tiennent compte, dans leur
processus d'approvisionnement lors de l'achat ou de la location de
biens et de services, de leur accessibilité aux personnes
handicapées. »
«61.4. Les ministères et les organismes
publics nomment, au plus tard le (indiquer ici la date qui suit
d'un an la date de la sanction de la présente loi), un
coordonnateur de services aux personnes handicapées au sein de
leur entité respective et transmettent ses coordonnées
à l'Office. Ce coordonnateur peut être la même
personne que le délégué ou le répondant
visé à l'article 6.1 ou à l'article
7.
Toute communication de l'Office en vertu de la présente
loi peut être adressée à ce
coordonnateur.».
Il serait donc nécessaire que la stratégie
gouvernementale visant l'égalité entre les femmes et les
hommes tienne compte de cette loi et propose un plan d'action
identifiant les obstacles au droit à l'égalité des
femmes ayant des limitations fonctionnelles et décrivant les
mesures prises au cours de l'année qui se termine et les
mesures envisagées pour l'année qui débute dans le
but de réduire les obstacles à l'inclusion des femmes
ayant des limitations fonctionnelles au niveau de
l'égalité.
Nous vous encourageons vivement à inclure
l'expertise des femmes ayant des limitations fonctionnelles dans
l'élaboration et la réalisation de ce plan d'action et ne
pas se cantonner à obtenir l'expertise de l'Office des
personnes handicapées du Québec où à
déléguer à celui-ci tout ce qui concerne
l'égalité des femmes ayant des limitations
fonctionnelles.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux,
ministre responsable de cette loi doit être consulté
(clause d'impact de la loi).
UnE coordonnateur, coordonnatrice pour l'application
de la stratégie sur l'égalité entre les femmes et
les hommes doit être répondantE.
Ce serait un bon moyen qui permettrait d'identifier,
de reconnaître et de supprimer la double et multiple
discrimination que vivent les femmes ayant des limitations
fonctionnelles et de diminuer l'écart persistant qui existe,
pour permettre aux femmes ayant des limitations fonctionnelles
d'exercer réellement et concrètement leur droit à
l'égalité.
Les personnes ayant des limitations fonctionnelles vivent depuis
des années une discrimination systémique et les femmes
ayant des limitations fonctionnelles la vivent avec une double et
parfois une multiple discrimination. Leur exclusion historique est
le résultat d'un système qui produit des
inégalités cumulatives et de la façon dont la
société est organisée. Les pratiques qui sont mises
en place, les comportements qui sont exigés et les
décisions qui sont prises ont des effets préjudiciables
sur elles. Pour favoriser l'égalité, il faut donc
modifier ce système et organiser la société
différemment.
Afin de modifier le système et commencer à
pouvoir exercer le droit à l'égalité, il faut tenir
compte des 3 principes préalables
suivants :
1) L'INCLUSION :
Malgré nos revendications, le ministre de la Santé et
des Services sociaux persiste à vouloir utiliser le mot
intégration plutôt qu'inclusion, dans la Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur
intégration scolaire, professionnelle et sociale.
Toutefois, nous continuons à promouvoir l'inclusion qui nous
semble génératrice d'une meilleure application du droit
à l'égalité.
L'intégration consiste à introduire un nouvel individu
ou un nouveau groupe à une collectivité. La
collectivité est déjà formée et
l'individu qui cherche à s'intégrer doit s'y adapter.
L'inclusion vise à former dès le départ la
collectivité afin que tout le monde puisse y participer
et avoir un libre accès à toutes ses activités en
fonction des besoins de chacunE. Ce qui signifie que toutes les
stratégies gouvernementales, les plans d'action, les
politiques, les lois, les règlements, les décrets, les
programmes, les services, les ressources, etc. doivent
prévoir, dès leur conception, des moyens pour
inclure les personnes ayant des limitations fonctionnelles, dont
les femmes ayant des limitations fonctionnelles et
répondre à leurs besoins.
L'intégration fait partie de l'inclusion dans la
mesure où les ministères et leurs réseaux, les
municipalités, les organismes publics ou privés n'ont
pas prévu, dès la conception de leurs projets, de
répondre aux besoins des personnes ayant des limitations
fonctionnelles. Ils mettent alors en place des mesures de
rattrapage pour arriver à l'égalité. Souvent ces
mesures arrivent bien longtemps après et sont insuffisamment
financées pour arriver à éliminer l'écart.
Le mouvement des femmes a ouvert la voie en matière de
droit à d'égalité et d'inclusion. Il est temps
maintenant d'offrir un traitement égalitaire aux femmes qui
ont des limitations fonctionnelles.
Le traitement égalitaire n'est pas du tout la même
chose qu'un traitement égal, identique ou équitable. Un
traitement égal ou identique signifie que l'on traite toutes
les personnes de la même façon. Un traitement
équitable signifie qu'un traitement est accordé parce
qu'il est juste de le faire. Un traitement égalitaire est un
traitement qui vise à octroyer l'égalité des chances
et l'égalité des résultats.
.
2) L'IDENTIFICATION ET L'ÉLIMINATION DE LA
DOUBLE ET LA MULTIPLE DISCRIMINATION, AINSI QUE DES DEUX
FORMES DE DISCRIMINATION : LA DISCRIMINATION DIRECTE ET LA
DISCRIMINATION INDIRECTE :
.
Les femmes ayant des limitations fonctionnelles vivent plusieurs
formes de discrimination :
- Une double discrimination dans la mesure où
elles sont des femmes et qu'elles ont des limitations
fonctionnelles visibles ou non visibles ;
Une discrimination multiple dans la
mesure où se sont des femmes issues de communautés
ethnoculturelles ou autochtones ou immigrantes ou
réfugiées, qui ont des limitations
fonctionnelles et une culture, une langue, une religion
différentes.
Deux formes de discrimination existent :
- La discrimination est directe lorsque l'exclusion a
un lien direct avec un motif de discrimination interdit :
la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l'orientation sexuelle,
l'état civil, l'âge, la religion, les convictions
politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale, la
condition sociale, le handicap ou l'utilisation d'un moyen pour
pallier ce handicap.
- La discrimination est indirecte lorsque l'exclusion est la
résultante de règles ou de pratiques apparemment neutres
mais dont les conséquences de leur application produisent un
effet discriminatoire sur certains groupes de
personnes.
3) LA RECONNAISSANCE DE
L'HÉTÉROGÉNÉITÉ DES LIMITATIONS
FONCTIONNELLES :
.
Souvent sous le vocable de « personnes
handicapées », la population en général a
une vision homogène réductrice à la fois de la
population étiquetée ainsi et des besoins de celle-ci. La
COPHAN représente toutes les limitations fonctionnelles :
motrices, organiques, neurologiques, troubles d'apprentissage,
intellectuelles, visuelles, auditives, parole et langage, et
santé mentale.
Selon la limitation fonctionnelle et les moyens de la pallier,
les besoins sont différents et nécessitent une approche,
une connaissance et des moyens d'accommodement forcément
différents. Certaines limitations sont visibles et d'autres
invisibles. Plusieurs femmes qui vivent quotidiennement de la
discrimination peuvent, soit par choix, soit à cause de leur
culture ou à cause des pressions qui leur sont faites,
décider de ne pas indiquer leur limitation. Il faut respecter
ce choix et trouver les moyens adéquats pour répondre
à leurs besoins.
Nous déplorons toujours le fait que les statistiques
concernant les personnes ayant des limitations fonctionnelles ont
toujours plusieurs années de retard, probablement un effet de
l'intégration, elles ne sont pas incluses simultanément
dans les différents objets des statistiques commandées
par les différents secteurs d'activités. Elles sont
toujours faites et compilées après.
En se basant sur les plus récentes statistiques dont nous
disposons sur les personnes ayant des limitations fonctionnelles et
particulièrement celles de l'Enquête
québécoise sur les limitations d'activités (EQLA
1998), nous remarquons que la situation défavorable des
personnes ayant des limitations fonctionnelles, observée en
1986 et en 1991, perdure et persiste, celle des femmes
également.
Les données de cette enquête permettent
d'estimer, qu'environ 1 086 800 Québécois et
Québécoises, soit 15% de la population vivant en
ménage privé, vivent avec des limitations fonctionnelles
dont :
- 116 400 enfants de 0-14 ans, dont 72 900 garçons et
43 500 filles ;
- 630 500 adultes de 15-64 ans, dont 288 400 hommes et 342
100 femmes ;
- 339 900 personnes âgées de plus de 65 ans, dont 136
000 hommes et 203 900 femmes ;
- Un total de 487 300 hommes et de 589 500 femmes, soit 1 086 800
personnes ayant des limitations fonctionnelles.
L'EQLA révèle également que le taux
d'incapacité a augmenté significativement de 1986 à
1998, passant de 12% à 17% dans la population de 15 ans et
plus vivant en ménage privé.
La population des personnes ayant
des limitations fonctionnelles est plus
âgée.
Les personnes sont généralement moins
scolarisées (l'enquête révèle que les
hommes et les femmes ayant des limitations fonctionnelles sont
proportionnellement plus nombreux à avoir moins de 9 ans de
scolarité (33% et 35% respectivement) que les personnes
qui n'ont pas de limitations (12% pour les hommes et 14% pour les
femmes). De même les pourcentages de personnes ayant
des limitations fonctionnelles qui ont fait des études
post-secondaires ou obtenu un grade universitaire sont moins
élevés que ceux des personnes n'ayant pas de
limitations;
Elles sont moins fortunées que les personnes n'ayant
pas de limitations fonctionnelles. À titre d'exemple, 28%
des hommes et 12% des femmes déclarent un revenu annuel
personnel total de 30 000$ et plus contre 42% des hommes et 21%
des femmes n'ayant pas de limitations fonctionnelles ;
Au chapitre de revenu du ménage, la population ayant des
limitations fonctionnelles compte de plus fortes proportions de
personnes vivant dans unménage considéré comme
très pauvre (12% pour les hommes et les femmes) que la
population sans limitation fonctionnelle ( 5% pour les hommes et 7%
pour les femmes). Les femmes ayant des limitations
fonctionnelles sont, en proportion, plus
nombreuses que les hommes à déclarer un
revenu inférieur à 6 000$ (25% contre 12 %) ;
Examinés selon l'âge, les trois indicateurs
de revenu varient en fonction de la présence d'une
incapacité chez les moins de 65 ans :
- Les 15-34 ans et les 35-64 ans ayant une limitation
fonctionnelle sont moins nombreux, proportionnellement,
à bénéficier d'un revenu personnel de 30 000$
ou plus que les personnes sans limitation (27% des 35-64 ans contre
44% de la population de cet âge sans limitation) ;
- Dans le groupe des 15-34 ans, 21% des personnes
ayant une limitation fonctionnelle vivent dans un ménage de
niveau pauvre contre 12% des personnes sans limitation ;
- 51% de la population de 15 à
65 ans ayant des limitations fonctionnelles font partie de la
population inactive. Il y a donc moins d'une personne sur
2 dans cette population qui est soit occupée (42%), soit
au chômage (6%). Le taux d'inactivité est resté
sensiblement le même qu'en 1991 (54%). Le taux
d'inactivité des personnes ayant des limitations
fonctionnelles est élevé comparativement à celui de
l'ensemble de la population (51% contre 28%) ; les personnes de
15-34 ans ou de 35-54 ans sont proportionnellement plus
occupées ( 47% et 49%). Le taux d'inactivité est plus
élevé chez les personnes de 55-64 ans (74%) que chez les
groupes plus jeunes (43% et 45%). Celui des femmes ayant des
limitations fonctionnelles monte à 56% comparativement à
celui des hommes qui est de 46%.
On trouve proportionnellement plus de familles monoparentales
dans les ménages ayant au moins un enfant avec des limitations
fonctionnelles que dans les ménages ayant un enfant sans
limitation fonctionnelle ;
Environ 40% des personnes âgées de 15 ans et plus
ayant des limitations fonctionnelles ont eu des dépenses
occasionnées par leur situation (achat de médicaments
prescrits, déplacements, soins de santé facturés,
services d'aide à domicile, achat en entretien d'aides
techniques ou d'accessoires spécialisés). Parmi elles,
seulement 15% ont été remboursées
complètement par un régime privé d'assurance ou par
un programme gouvernemental. Plus de 30% des enfants ayant une
limitation fonctionnelle ont occasionné des dépenses
à leur famille en raison de leur incapacité. Pour
moins de 30% de ces enfants, ces dépenses ont été
complètement remboursées par un régime d'assurance
privé ou un programme gouvernemental. Les principaux
postes non remboursés sont : les médicaments
prescrits (49%), les frais de déplacement (25%), les soins de
santé (23%), l'achat et l'entretien d'aides techniques ou
d'accessoires spécialisés (18%), le matériel jetable
après usage (12%) et les services d'aide à domicile (12%)
;
C'est moins du dixième qui profite des crédits
d'impôt pour les personnes handicapées (8%).
Le document indique que « les discriminations qui
touchent les femmes sont amplifiées lorsque d'autres
discriminations s'y ajoutent en raison de l'origine ethnique, de
l'appartenance à des communautés autochtones, de la
religion, du handicap physique ou de la déficience mentale, de
l'orientation sexuelle, de l'âge ou de la condition
sociale. »
En ce qui concerne les personnes ayant des limitations
fonctionnelles, nous préférons citer la Charte des
droits et libertés de la personne du Québec (article
10) : le handicap ou l'utilisation d'un moyen pour pallier ce
handicap.
Comme nous l'indiquions dans les pages
précédentes on fait souvent un amalgame :
limitations fonctionnelles égalent «handicap
physique» ou « déficience mentale ».
Ce dernier item n'est même plus employé, on parle soit de
santé mentale ou soit de « déficience
intellectuelle ».
10. Toute personne a droit à la reconnaissance et à
l'exercice, en pleine égalité, des droits et
libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou
préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe,
la grossesse, l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge
sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les
convictions politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale,
la condition sociale, le handicap ou l'utilisation d'un moyen pour
pallier ce handicap.
La Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées en vue de leur intégration scolaire,
professionnelle et sociale indique que l'Office des
personnes handicapées du Québec doit
« promouvoir l'utilisation d'une classification
uniforme des déficiences, incapacités et situations de
handicap, auprès des ministères et de leurs réseaux,
des municipalités, des organisations syndicales et patronales
et des autres organismes publics ou privés ;».Le
travail pourrait commencer dès
maintenant.
Plusieurs autres facteurs sont identifiés dans le document
et expliquent la persistance des écarts. Afin de
« concrétiser l'idéal
d'égalité », ce document propose de
« renouveler le contrat social en faveur de
l'égalité en élaborant une nouvelle stratégie
reposant sur trois leviers d'intervention interreliés et
complémentaires ». « L'État ne peut
à lui seul, porter le projet de
l'égalité » :
- 1er levier : une approche
spécifique : corriger ou prévenir les
inégalités vécues par les femmes
;
- 2e levier : une approche
transversale : qui vise à ce que l'appareil
gouvernemental intègre, dans ses façons de faire, ces
décisions, une préoccupation pour l'égalité
entre les femmes et les hommes (approche intégrée de
l'égalité (AIE)) ;
- 3e levier : une approche
sociétale : qui vise à faire de
l'égalité entre les femmes et les hommes un enjeu
socialement partagé en mobilisant les différents acteurs
sociaux et en intégrant davantage les hommes ; l'approche
sociétale implique des alliances avec des organisations à
qui l'État transfère ses responsabilités, comme les
conférences des élus, les commissions scolaires, les
municipalités, en vue de les impliquer plus étroitement
dans l'atteinte de l'égalité. Elle suppose aussi de
continuer à partager cet objectif avec d'autres alliés,
particulièrement, les groupes communautaires, les syndicats,
les milieux de la recherche sociale »
Cette stratégie, et en particulier le 3e levier,
nous fait redouter plusieurs reculs et nous ne pouvons voir cette
nouvelle approche sans la situer dans la mise en œuvre,
déjà amorcée d'un désengagement de l'État.
Plusieurs changements actuellement mis en place, notamment la
réorganisation du système de santé et celle du
travail, la mise en place de partenariats publics privés ainsi
que certains autres appréhendés, notamment ceux
touchant la sécurité du revenu, le régime
de rente du Québec, l'aide juridique, la réforme du
droit associatif et bien d'autres, nous laissent présager le
renforcement des inégalités des femmes, incluant les
femmes ayant des limitations fonctionnelles.
En ce qui concerne le 2e levier, croire qu'un
traitement identique et symétrique doit être offert aux
hommes en terme de discrimination en raison du sexe, ne semble pas
reconnaître la vision historique et l'impact du patriarcat. En
réalité les perceptions stéréotypées des
femmes persistent en même temps que persiste une illusion
malsaine qu'il s'est fait un progrès considérable
dans la résolution des besoins des femmes pour les inclure
à la société. En fait ces attitudes et croyances
renforcent encore l'exclusion et la discrimination faite aux
femmes.
Si les rôles traditionnels dévolus aux hommes et le
fait qu'ils s'y conforment ou pas, peuvent leur provoquer certains
problèmes ou désavantages, il faut que l'État les
aide et les soutienne. Toutefois ces problèmes ne
découlent pas d'une discrimination systémique, ni d'une
discrimination directe ou indirecte en raison du sexe. La
société est organisée en fonction des
caractéristiques et des besoins du groupe qui a le pouvoir de
définir les règles. Or, actuellement, on peut
raisonnablement penser que la norme est basée sur les besoins
de l'homme, blanc, hétérosexuel, généralement
francophone, de religion chrétienne, de condition sociale
favorisée et « valide ».
Il serait donc approprié de soutenir les
hommes en réponse à leurs besoins mais pas dans le cadre
d'une stratégie visant à abolir les inégalités
selon le sexe.
Enfin, en ce qui concerne le 1er
levier, nous prenons pour acquis que les structures
spécifiques permettant de corriger ou de
prévenir les inégalités faites aux femmes
resteront actives (Conseil du statut de la
femme, Secrétariat à la condition
féminine, ministre déléguée
à la condition féminine) tant que le rattrapage
ne sera pas accompli.
À partir des préalables que nous avons indiqués
au début de cet avis, quatre moyens peuvent permettre de
réduire les écarts et favoriser le droit à
l'égalité des femmes ayant des limitations
fonctionnelles.
Afin de lutter contre la discrimination
systémique, la stratégie d'égalité doit inclure
ces quatre moyens et veiller à ce qu'ils s'appliquent de
façon transversale au niveau des 7 orientations et des
différents axes d'intervention.
Ce sont également des moyens qui devraient être
utilisés pour réduire les écarts et favoriser le
droit à l'égalité de plusieurs citoyennes (les
femmes issues de communautés ethnoculturelles, femmes
immigrantes, ou réfugiées, les mères de famille, les
femmes du 3e âge, etc.).
Depuis des années, la COPHAN réclame, afin d'obtenir
un traitement égalitaire pour les personnes ayant des
limitations fonctionnelles incluant les femmes ayant des
limitations fonctionnelles :
- L'obligation d'accommodement ;
- La compensation des coûts liés aux limitations
fonctionnelles ;
- Le maintien et l'amélioration des mesures de rattrapage
;
- La participation pleine et entière des femmes ayant des
limitations fonctionnelles et des groupes qui les
représentent.
L'OBLIGATION D'ACCOMMODEMENT :
Actuellement afin qu'une personne ayant des limitations
fonctionnelles ait accès à l'éducation, aux services
de santé et aux sociaux, au travail, à la culture, aux
loisirs, etc., elle doit se conformer à la norme sur laquelle
est constituée l'organisation de ces différents
systèmes.
Or, le groupe de référence qui constitue la norme est
composé de personnes n'ayant aucune limitation fonctionnelle.
Cela a pour effet d'exclure les personnes ayant des limitations
fonctionnelles, si l'obligation d'accommodement n'est pas
appliquée.
L'accommodement débouche sur des mesures permanentes et
préférentielles, nécessaires pour atteindre et
maintenir l'égalité des chances et l'égalité de
résultats pour les personnes ayant des limitations
fonctionnelles, modifiant à la fois la norme sur laquelle est
fondée l'organisation du système ainsi que l'organisation
de la mise en œuvre de ce système aussi.
L'accommodement vise donc à adapter les
règles, les pratiques et les exigences d'un système, de
même que le matériel et les lieux de travail aux besoins
des personnes ayant des limitations fonctionnelles.
L'exercice du droit à l'égalité passe
nécessairement par la reconnaissance de l'obligation
d'accommodement des personnes ayant des limitations
fonctionnelles, car cette obligation leur permet de surmonter
des obstacles n'ayant rien à voir avec leur
compétence. Sans mesure d'accommodement, ces obstacles,
qu'ils soient liés à l'accessibilité architecturale,
aux horaires, aux moyens de communication, aux méthodes
employées, aux conventions collectives, aux coûts, aux
préjugés, etc., sont maintenus et ont pour effet
d'exclure les personnes ayant des limitations fonctionnelles de ces
systèmes qui auraient pu être adaptés aux besoins
liés à leur limitation fonctionnelle.
De plus en plus, nous entendons parler de « droit
à l'accommodement raisonnable ».
Nous préférons employer le
terme « obligation d'accommodement »
afin de ne pas envoyer un signal d'interprétation permettant
de restreindre cette obligation.
Dans l'arrêt «O'Malley»
(O'Malley c. Simpson's-Sears, [1985] 2 R.C.S.
536, 547 à 552 (décision unanime, j. McIntyre), le juge
indiquait :
«Une conséquence naturelle de la reconnaissance
d'un droit doit être l'acceptation sociale de l'obligation
générale de le respecter et de prendre des mesures
raisonnables afin de le protéger».
« L'obligation [d'accommodement] consiste à
prendre des mesures raisonnables pour s'entendre avec le plaignant,
à moins que cela ne cause une contrainte excessive : en
d'autres mots, il s'agit de prendre les mesures qui peuvent
être raisonnables pour s'entendre sans que cela n'entrave
indûment l'exploitation de l'entreprise de l'employeur et
ne lui impose des frais excessifs. »
Monsieur Maurice Drapeau indique dans son document intitulé
«l'évolution de l'obligation d'accommodement à la
lumière de l'Arrêt
Meiorin » :
« Dans l'arrêt Meiorin (Colombie-Britannique
(Public Service Employee Relations Commission) c.BCGSEU, [1999] 3
R.C.S. 3 (décision unanime, j. McLachlin), la Cour
suprême utilise à plusieurs reprises le qualificatif
«possible» en parlant des mesures d'accommodement qu'un
employeur a le devoir d'incorporer à ses normes d'emploi. Le
terme est évocateur : si un accommodement est possible, il
doit être adopté. La Cour énumère trois
critères représentant une contrainte excessive :
l'impossibilité, le risque grave et le coût exorbitant.
Afin de prouver que sa norme est «raisonnablement
nécessaire», le défendeur doit toujours
démontrer qu'elle inclut toute possibilité
d'accommodement sans qu'il en résulte une contrainte
excessive, que cette contrainte revête la forme d'une
impossibilité, d'un risque grave ou d'un coût
exorbitant »
En fait l'obligation d'accommodement à l'intention des
personnes ayant des limitations fonctionnelles signifie que la
mesure d'accommodement doit être effectuée de la
façon la plus respectueuse de la dignité de la
personne, si cette mesure ne cause pas une contrainte
excessive. Le droit à la dignité est également
inclus dans la manière dont les mesures d'accommodement sont
fournies et dans la participation de la personne au processus. Le
respect de la confidentialité doit être
appliqué.
Il faut donc tenir compte des 3 critères pour voir
si une mesure d'accommodement constitue une contrainte
excessive :
- Les coûts exorbitants : ils représentent une
contrainte excessive s'ils sont quantifiables ET qu'ils
découlent de la mesure d'accommodement nécessaire ET
qu'ils ont une importance telle qu'ils modifieraient la nature
essentielle de l'entreprise ou ont une incidence telle qu'ils
influenceraient considérablement sa viabilité.
- L'impossibilité.
- Le risque grave.
Ainsi, le qualificatif « raisonnable »
indique qu'il faut prouver que la mesure d'accommodement
entraîne une de ces 3 contraintes excessives, autrement elle
est possible.
D'autre part, la situation de chaque personne ayant des
limitations fonctionnelles doit êtreexaminée,
évaluée et traitée individuellement, du fait que
les besoins d'accommodement sont liés aux capacités et
aux besoins de la personne. La personne doit indiquer son besoin
d'accommodement. Pour que le droit à l'égalité
soit vraiment respecté, il faut qu'une personne soit
considérée selon ses aptitudes et compétences en
tenant compte de ses différences et ses besoins.
Les mesures d'accommodement pour les personnes ayant des
limitations fonctionnelles doivent obligatoirement tenir compte des
éléments suivants : la dignité de la personne,
l'autonomie et la libre acceptation des risques.
Enfin, pour assurer l'inclusion des personnes ayant des
limitations fonctionnelles et leur droit à
l'égalité, il faut que l'environnement de la personne,
qu'il soit lié aux habitudes de vie, à l'éducation,
à l'emploi, à la formation continue, à la
santé, à la culture, au loisir, à la participation
citoyenne, etc., devienne inclusif et qu'il ne constitue pas de
source d'obstacles. Il en est de même pour toute
stratégie gouvernementale, toute politique, loi,
règlement, décret, programmes, services, etc..
Un nouveau contrat social pour l'égalité
entre les femmes et les hommes doit reconnaître et appliquer
l'obligation d'accommodement dans ses différentes orientations
et des différents axes.
LA COMPENSATION DES COÛTS LIÉS AUX
LIMITATIONS FONCTIONNELLES
L'état doit reconnaître que les personnes
ayant des limitations fonctionnelles ont des coûts
supplémentaires qui sont directement liés à leurs
limitations et les compenser.
Nous avons pu voir, dans les statistiques, que certaines
dépenses occasionnées par leur situation, tels que
l'achat de médicaments prescrits, certains déplacements,
des soins de santé facturés, des services d'aide à
domicile, l'achat, l'assurance, ou l'entretien d'aides techniques
ou d'accessoires spécialisés, des besoins
complémentaires, sont directement facturées à la
personne.
Plusieurs programmes existent mais ils ne sont pas toujours
équitables, selon qu'ils émanent de régimes
d'assurance publics ou privés ou de régime d'assistance
et selon l'origine de la limitation fonctionnelle. Certains
programmes compensent ces coûts lorsque la personne est en
emploi, mais pas dans les autres cas.
La fiscalité accorde un crédit d'impôt non
remboursable pour personne handicapée, mais seulement 8% des
personnes ayant des limitations fonctionnelles s'en prévalent.
De plus, seules les personnes qui travaillent peuvent
réellement utiliser ce crédit. Parmi d'autres
recommandations, nous réclamons depuis des années de
transformer ce crédit non remboursable en crédit
d'impôt remboursable.
Le gouvernement du Québec a adhéré au
Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux
et culturels ainsi qu'au Programme d'action mondial
concernant les personnes handicapées et aux
Règles pour l'égalisation des chances des personnes
handicapées. Tous ces outils reconnaissent le droit de
toute personne à un niveau de vie suffisant pour
elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un
vêtement et un logement suffisants, ainsi qu'à une
amélioration constante de ses conditions d'existence.
La Règle 8. : « Garantie de ressources et
protection sociale » des Règles internationales
pour l'égalisation des chances des personnes
handicapées indique :
« C'est aux États qu'il incombe de
faire bénéficier les personnes handicapées de la
protection sociale et de leur garantir les ressources
nécessaires.
1 : Les États devraient assurer un soutien
financier suffisant aux personnes handicapées qui, du fait de
leur incapacité ou pour des raisons qui y sont liées, ont
perdu temporairement leur revenu ou l'ont vu diminuer ou se sont vu
refuser un emploi. Les États devraient veiller à ce que
ce soutien tienne compte des frais que les personnes
handicapées ou leur famille ont souvent à supporter du
fait de leur incapacité. »
Un nouveau contrat social pour l'égalité entre
les femmes et les hommes doit reconnaître dans ses
différentes orientations et axes d'intervention la
compensation des coûts liés aux limitations
fonctionnelles.
LE MAINTIEN ET L'AMÉLIORATION DES MESURES DE
RATTRAPAGE
Certains programmes et mesures spécifiques
dédiés aux personnes ayant des limitations
fonctionnelles sont indispensables du fait de l'écart
important existant et des besoins spécifiques des personnes
ayant des limitations fonctionnelles. Il faut non seulement
consolider ces mesures mais également les améliorer et
trouver le financement nécessaire afin qu'elles permettent aux
personnes ayant des limitations fonctionnelles une réelle
inclusion et une participation citoyenne. Certaine de ces
mesures doivent suivre la personne tout au long de sa vie.
LA PARTICIPATION PLEINE ET ENTIÈRE DES FEMMES
AYANT DES LIMITATIONS FONCTIONNELLES ET DES GROUPES QUI LES
REPRÉSENTENT
Il est indispensable que les femmes ayant des limitations
fonctionnelles soient présentes sur toutes les structures,
comités, groupes de travail et soient associées à
tous les travaux concernant l'égalité.
Toutes les associations de défense collective des droits
des personnes ayant des limitations fonctionnelles et leur famille
s'entendent pour dresser un état de situation
catastrophique des femmes ayant des limitations fonctionnelles au
niveau de l'accessibilité et l'adéquation des
services, tant publics, que privés et que communautaires,
de la formation et de la sensibilisation des intervenantEs,
et de la non-reconnaissance de la double et multiple
discrimination.
Quelques exemples
DES RÉFLEXES INCLUSIFS :
- L'emphase doit être mise sur la communication,
ce qui implique une connaissance des différentes limitations
fonctionnelles et des moyens d'accommodement ;
- Tenir compte que les besoins des personnes sont
différents, à l'intérieur d'une même limitation
fonctionnelle ;
- Tenir compte que les différents types de
limitations nécessitent différents types d'accommodement
;
- Rendre l'information et les services accessibles avec
l'accommodement nécessaire pour toutes les personnes
ayant des limitations fonctionnelles ;
- Médias substituts pour les personnes aveugles ou amblyopes
: braille, gros caractères, document sonore ( cassette et
numérique ou disque compact), documents électroniques
(format Word, éviter les tableaux et images) ;
- Accessibilité des guichets automatiques et des factures
;
- Mettre en application le parcours sans obstacle (guide de
l'accessibilité universelle) : disposition de
l'accueil, l'affichage, contraste de couleur, placement du
mobilier, etc.) ;
- Utiliser les expressions « Va par
là », « As-tu vu ça? »,
mais en indiquant la direction ou en décrivant la situation
;
- Respecter le fait que le chien guide doit avoir accès aux
mêmes endroits que son maître ou sa maîtresse ;
- Acquérir la technique de base pour accompagner
une personne aveugle ;
- Rendre les sites web accessibles :
- Éviter Fichier PDF et mode flash ainsi que les images si
elles n'ont pas un texte attaché ;
- Certains logiciels sont accessibles sans coût (Bobby et
accessibilité web) ;
- Tenir compte de la culture sourde ;
- Avoir l'information intégrale comme tous les
entendantEs , ce qui implique offrir l'accommodement
nécessaire :
- Interprétariat oraliste, gestuel, tactile ;
- Pidgin ;
- Cassettes vidéo en priorité en LSQ (langue
signée du Québec) et parfois en ASL (American sign
langage) ;
- Amplificateur ;
- Système infrarouge ;
- Équipement adapté : ATS, lumière
adaptée pour l'entrée, système d'alarme lumineux
pour le feu ;
- Service d'interprétation visuelle et tactile (SIVET)
;
- Service Relais Bell ;
- Avoir des locaux et des services physiquement accessibles
:
- Rampe d'accès ;
- Toilettes adaptées ;
- Guichets d'information ;
- Table de conférence ;
- Téléphone public ;
- Ascenseur ;
- Guichets automatiques ;
- Bien oraliser les mots, les gestes doivent être naturels
;
- Faire un effort particulier dans les documents
écrits : l'écrit doit être simple et bien
structuré ;
- Prévoir que l'accès à l'information et aussi
l'information spécifique soient accessibles, en temps
réel (ex : virus du Nil, SRAS) ;
- Financement : exiger des organismes subventionneurs, du
financement attaché à l'accommodement ou le remboursement
des frais liés à l'accommodement ;
- Comprendre que l'accompagnateur qui aide la personne à se
diriger où à réaliser certaines activités
(tourner les pages, manger, prendre des notes, expliquer en langage
simplifié, accompagnement en défense des droits,
accompagnement médical, traduction, lecture, etc.) n'est pas
l'interlocuteur de la personne ; il faut s'adresser directement
à la personne et attendre que ce soit elle qui réponde
;
- Utiliser un répertoire afin de référer les
personnes aux bons endroits ;
- Sensibiliser et former les employeurs et les travailleurs et
travailleuses de tous les secteurs sur les différents moyens
de communication et sur l'accessibilité
universelle ;
- Utiliser les ressources existantes : ressources
alternatives, centres de réadaptation, maisons
d'hébergement, maison des jeunes, etc., ce qui implique
qu'elles doivent être accessibles ;
- Appliquer une attention particulière sur le respect de la
confidentialité : les communautés de personnes ayant
des limitations fonctionnelles étant petites, il est facile
d'identifier quelqu'un ;
- L'inclusion débutant naturellement dès la naissance,
l'expérience vécue par de nombreuses personnes ayant des
limitations fonctionnelles démontre que de meilleurs services
de soutien devraient être offerts aux parents ayant un enfant
atteint de limitations, et que le choix de familles d'adoption ou
famille d'accueil devrait être beaucoup plus rigoureuse.
Très vulnérable physiquement, certaines femmes ont subit
l'inceste et l'isolement.
- La prévention et la stimulation précoce sont des
moyens de favoriser l'égalité ;
- Une importante sensibilisation quant aux normes
d'accessibilité, au potentiel d'adaptation et d'apprentissage
des personnes ayant des limitations fonctionnelles doit être
faite auprès du milieu scolaire, du milieu des servies de
garde, du milieu de la santé, du milieu de l'emploi, du milieu
du loisir, de la culture et autres secteurs afin de favoriser
l'inclusion dans le milieu régulier.
- Certaines personnes ayant des limitations fonctionnelles ont un
grand besoin de prendre conscience de leur valeur et ainsi se faire
respecter. (ex : avec difficulté quelques femmes
victimes de la thalidomide ont dû obtenir un ordre de la cour
afin d'empêcher toutes formes de contact de la part de
certains membres abusifs de leur famille). Le système de
justice actuel doit cesser d'infantiliser les femmes atteintes de
limitations et faciliter d'avantage leur protection.
- Des services de maintien à domicile plus adéquats
permettraient à certaines femmes de se libérer peu à
peu d'un contexte de vie de dépendance et de violence. Le
personnel doit également être attentif et vigilant et
rapporter lorsque nécessaire à leurs supérieurs des
situations de violence possible. L'accessibilité de toutes les
ressources pour les femmes victimes de violence est
essentielle.
- Afin de favoriser une réelle inclusion, les services,
programmes et ressources doivent identifier, reconnaître et
s'harmoniser aux besoins réels de la personne et NON
L'INVERSE.
- La sensibilisation du corps médical à une approche
plus holistique et « normalisante » de
l'état de santé de ses clientes ayant des limitations
fonctionnelles est essentielle.
- L'adaptation de divers outils médicaux de base,
ainsi que l'accessibilité de tous les lieux de pratiques
médicales est aussi nécessaire.
- L'analyse de diverses mesures fiscales attribuées aux
personnes ayant des limitations fonctionnelles doit se poursuivre
afin de permettre une inclusion juste et équitable pour toutes
les personnes ayant des limitations fonctionnelles.
- L'accessibilité aux transports, aux programmes
d'intégration à l'emploi, aux programmes d'adaptation de
domicile et/ou aux logements adaptés, etc. sont toutes des
composantes essentielles à l'inclusion.
Le document présente 7 orientations au gouvernement,
assorties d'axes d'intervention :
- 1er orientation : favoriser la
transformation des rôles sociaux par la lutte aux
stéréotypes féminins et masculins et par la
promotion de valeurs et de comportements
égalitaires :
- Il serait utile de documenter les manifestations et
les effets des stéréotypes sexuels et sexistes ainsi que
les stratégies efficaces pour les contrer dans le domaine
où l'État exerce une responsabilité
;
- Cette documentation doit inclure,
simultanément, les manifestations et les effets des
stéréotypes sexuels et sexistes que vivent les femmes
ayant des limitations fonctionnelles ainsi que les
stratégies efficaces pour les contrer
;
- L'État doit soutenir l'apprentissage du
rôle parental dans une perspective égalitaire
;
- L'État doit avant tout protéger et
appliquer le droit d'être parents. Plusieurs femmes ayant des
limitations fonctionnelles se voient contestées le droit
d'être mère. La stérilisation forcée en a
été un des exemples.
- Nous demandons que l'État reconnaisse que les
réalités sont différentes lorsque un ou deux des
parents vivent avec une limitation fonctionnelle. Elle est
également différente lorsque un des enfants a une
limitation fonctionnelle. L'apprentissage du rôle parental
doit inclure ces 2 possibilités d'exercice du rôle
parental et l'État doit soutenir cet
apprentissage.
- Nous demandons également que soient pris en
considération les besoins particuliers des parents ayant des
limitations fonctionnelles qui ont des enfants en services de garde
afin de soutenir l'exercice de leur rôle de parent de sorte
que celui-ci soit exercé de la même façon que pour
tout autre parent ayant un enfant en services de garde.
- Les parents qui ont des limitations
fonctionnelles doivent, afin d'exercer leur rôle parental et
participer aux activités des services de garde, souvent
assumer des coûts supplémentaires liés à leurs
limitations fonctionnelles lorsqu'ils entendent y participer à
part entière (frais de taxi adapté pour reconduire et
aller chercher leur enfant, accompagnement dans le cas d'un parent
non-voyant, interprète dans le cas d'un parent ayant une
déficience auditive, etc.). Dans ce cas, toute hausse de
tarification aura un impact plus grand pour les familles où
l'on retrouve un parent ayant des limitations
fonctionnelles.
- Il est essentiel de travailler de concert avec les centres
de la petite enfance et le milieu scolaire pour éliminer les
stéréotypes sexuels et favoriser la progression vers
l'égalité ;
- Il est également nécessaire que le gouvernement
prenne en considération les besoins spécifiques des
enfants ayant des limitations fonctionnelles, notamment en
bonifiant de façon significative les règles
budgétaires qui doivent favoriser l'inclusion pleine et
entière des enfants ayant des limitations fonctionnelles dans
les services de garde.
- Afin de réellement favoriser la progression de
l'égalité, le personnel des centres de la petite enfance
et le milieu scolaire doivent recevoir, dans leur programme de
formation, un volet dédié à l'inclusion des enfants
ayant des limitations fonctionnelles en services de garde ainsi que
des mesures de formation continue.
- Il serait aussi souhaitable d'amener les milieux de
la culture, du sport et des loisirs ainsi que les médias
à évaluer leur conduite par rapport à la diffusion
de stéréotypes sexuels et sexistes et à la promotion
de valeurs égalitaires ;
- De la même façon, il faudrait que ces
mêmes milieux évaluent leur conduite par rapport à
la diffusion de stéréotypes de la personne ayant des
limitations fonctionnelles , soit « super héros,
héroïne » ou
« handicapéE qui fait pitié».
Rarement la personne ayant des limitations fonctionnelles est
considérée comme citoyenne.
- Soutenir les initiatives visant à favoriser
des relations plus égalitaires afin d'aider les jeunes à
développer leur sens critique quant à l'exercice de leur
sexualité et à la construction de leur rapport amoureux ;
dans ce contexte il est essentiel que l'éducation sexuelle
obtienne toute la place qu'elle mérite dans les cliniques
jeunesse et dans les programmes scolaires et ce, dès le
primaire.
- Il est essentiel que cette éducation sexuelle
tienne compte des besoins des jeunes ayant des limitations
fonctionnelles et réponde à leur spécificité.
Il est également évident que toute l'information doit
être accessible et, encore une fois, en même temps
que l'information est disponible aux jeunes n'ayant pas de
limitation fonctionnelle.
- Continuer à soutenir les groupes qui
interviennent en faveur de l'égalité comme les groupes de
femmes ou ceux qui prônent l'égalité entre les sexes
et les droits des femmes dans un contexte interculturel ; des
ressources doivent être dégagées à l'intention
des groupes d'homme qui suscitent une réflexion sur la
construction de l'identité masculine, la définition et
l'adoption de nouveaux comportements, attitudes ou rôles
masculins en vue de contribuer à la construction d'une
société égalitaire.
- Nous comprenons que cette liste n'est pas exclusive et peut
inclure, notamment les groupes militant pour l'égalité,
la construction de l'identité, la définition de nouveaux
comportements, attitudes ou rôles féminins et des femmes
ayant des limitations fonctionnelles, des femmes émigrantes ou
réfugiées, des femmes autochtones, des femmes issues des
communautés ethnoculturelles, en vue de contribuer
à une société égalitaire.
- D'autre part, il serait nécessaire d'indexer et de
consolider le financement des ressources existantes, du fait du
coût de la vie et de l'augmentation de la tâche de
travail et de prévoir du financement pour d'éventuels
nouveaux groupes.
- 2e orientation : promouvoir
l'égalité économique entre les femmes et les hommes
et corriger les inégalités qui persistent dans le
contexte d'une économie ouverte et
mondialisée.
- Il est nécessaire de continuer de miser sur la
formation initiale, développer une culture de formation
continue, encourager la diversification professionnelle et soutenir
l'insertion en emploi.
- Le gouvernement doit prioriser l'universalité
et l'accessibilité à la formation de base, en particulier
en assurant la gratuité, en appliquant l'obligation
d'accommodement et en augmentant l'offre actuelle des
programmes d'alphabétisation.
- Il est important d'englober, en plus de
l'alphabétisation, de la formation de base et de la formation
professionnelle, tout le domaine de l'éducation populaire
et de l'éducation non formelle, qu'il s'agisse de
l'éducation à la citoyenneté, à la santé,
à l'environnement et aux droits humains et ainsi
reconnaître et favoriser la diversité des lieux et des
approches de formation.
- Il faut que le gouvernement se base sur la
définition complète de la déclaration de la
5e Conférence internationale sur l'éducation
des adultes, organisée par l'UNESCO en 1997, concernant la sur
la formation continue. En effet, l'article 3 définit
l'éducation des adultes en précisant, après "leurs
besoins propres ou ceux de la société" "Elle
(l'éducation des adultes) englobe à la fois
l'éducation formelle l'éducation permanente,
l'éducation non formelle et toute la gamme des
possibilités d'apprentissage informel et occasionnel existant
dans une société éducative multiculturelle où
les démarches fondées sur la théorie et la pratique
ont leur place.". Si le droit à l'éducation des
adultes est un droit reconnu par la Déclaration universelle
des droits de la personne (article 26), par la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne
(article 40) et par la politique "À part… égale,
l'intégration sociale des personnes handicapées : un
défi pour tous " (article 18), son véritable exercice
dépend d'un ensemble de facteurs environnementaux qui sont
souvent des obstacles (manque d'accessibilité aux moyens de
communication, de transport, d'accommodement et de ressources
financières). Si l'on veut parler d'équité,
d'universalité et d'accès à l'égalité, il
faut tenir compte, non seulement, du droit à l'éducation
qu'a l'adulte, ayant des limitations fonctionnelles ou non, tout au
long de la vie, mais surtout des moyens efficaces qui permettront
de les exercer.
- Il faut que l'État accorde un souci
particulier au développement de la formation à
distance et aux nouvelles technologies de l'information et des
communications (NTIC) en tenant compte des besoins des
personnes ayant des limitations fonctionnelles, en utilisant
l'expertise des personnes ayant des limitations
fonctionnelles, en adaptant les NTIC en tenant compte des
revendications des personnes ayant des limitations
fonctionnelles et en mettant en œuvre l'accommodement
nécessaire afin que les NTIC soient vraiment
utilisables par les personnes ayant des limitations
fonctionnelles
- Une stratégie visant l'élimination des
obstacles systémiques, l'utilisation accrue du mécanisme
de plainte de discrimination dans l'emploi prévue par la
Charte des droits et libertés de la personne du
Québec, l'introduction de l'obligation d'accommodement
dans la Charte des droits et libertés de la personne du
Québec, la participation au processus de partenariat
engagé par les acteurs du marché du travail (Politique
active du marché du travail) sont autant de thèmes
favorisant l'inclusion des femmes ayant des limitations
fonctionnelles au marché du travail.
- L'égalité économique ne dépend
pas uniquement du travail. Les modifications proposées dans le
document « Adapter le Régime de rentes aux
nouvelles réalités du Québec » ont un
impact sur tous les travailleurs et toutes les travailleuses du
Québec mais jouent un rôle particulier sur les femmes
ayant des limitations fonctionnelles, que ce soit en ce qui
concerne la transition travail/retraite, la rente invalidité
et la protection au décès. Nous revendiquons une
amélioration du Régime de rentes afin de rétablir
l'équité et diminuer la pauvreté et nous opposons
à certaines mesures préconisées dans ce document.
Nous proposons donc, qu'avant toute réforme du calcul de la
rente de retraite, tout soit mis en place pour favoriser
l'accès à l'emploi et le plein emploi. Cela permettra
à la fois l'accès au marché du travail des jeunes,
des femmes, des personnes issues des communautés culturelles
et des personnes ayant des limitations fonctionnelles qui sont
actuellement cantonnés dans des emplois atypiques ou au
chômage, ou sur la sécurité du revenu ou sans
chèque ou dépendantE de leur conjoint ou
conjointe.
- D'autre part, la réforme du régime de
rente du Québec propose de hausser la rente orphelin
à 187$ par mois en concordance avec ce que verse le
Régime de pensions du Canada, MAIS de verser
au conjointE survivantE qui n'est pas à la retraite au
moment du décès, une rente temporaire de trois
ans, qui serait équivalente à la rente payable au
titre de l'invalidité (c'est-à-dire 382,14$/mois de
montant de base + un montant qui varie selon les revenus de travail
inscrits au nom de la personne décédée. Le montant
maximal étant de 992.77/mois). En contrepartie, ilpropose
de transférer au compte de la personne survivante 60% des
gains inscrits au nom de la personne décédée pour
chacune des années de vie commune, jusqu'à concurrence,
pour chacune de ces années, du maximum de gains
admissibles.
Cette proposition va encore appauvrir les femmes qui, même
si elles travaillent, n'ont pas toujours les salaires les plus
rémunérateurs et n'ont pas encore la parité
salariale. D'autre part même si le marché du travail
semble plus ouvert aux femmes, le contexte social a changé et
proportionnellement aux années 70, la dynamique familiale est
également différente. Les femmes ont aussi un espoir de
vie plus long que les hommes.
Plus spécifiquement pour les femmes ayant des limitations
fonctionnelles, cette proposition va accentuer la pauvreté et
la dépendance de la personne survivante au régime de
dernier recours, la sécurité du revenu. Du fait de
l'exclusion des personnes ayant des limitations fonctionnelles du
marché du travail, souvent le conjoint ou la conjointe ayant
des limitations fonctionnelles ne travaille pas ou a un travail peu
rémunérateur. La personne ne bénéficie pas de
la sécurité du revenu du fait du salaire de son conjoint
ou de sa conjointe. Elle ne reçoit pas toujours de rente
d'invalidité. Elle a très rarement accès à une
assurance collective. Le contexte actuel engendre également
que le conjoint, la conjointe qui n'a pas de limitation
fonctionnelle accomplit énormément de tâches que ce
soit au niveau domestique et au niveau de la santé. Ces
tâches devraient normalement être assumées par des
services publics gratuits et universels (ex : soutien à
domicile, aide domestique, accompagnement). Dans ces cas, qui sont
majoritaires, la perte du conjoint ou de la conjointe, en plus de
la charge émotive, signifie obligatoirement une perte
d'indépendance et de revenu. La proposition actuelle plongera
les conjointEs survivantEs ayant une limitation fonctionnelle dans
une plus grande pauvreté et accentuera, encore une fois, la
double discrimination que vivent les femmes ayant des limitations
fonctionnelles.
- Le gouvernement devrait, dans un contexte de
mondialisation, poursuivre les écarts entre les femmes et les
hommes sur le marché du travail. Pour qu'il y ait rattrapage
global pour les femmes sur le plan des revenus, les travailleuses
se doivent d'investir les professions d'avenir et les secteurs
prometteurs.
- Nous rappelons que les femmes ayant des limitations
fonctionnelles ou les femmes ayant à charge un enfant ayant
des limitations fonctionnelles ou s'occupant d'un adulte ayant des
limitations fonctionnelles sont doublement discriminées, entre
autres, au niveau de l'accès au marché du travail.
- Un rattrapage global ne pourra se faire que si
l'État mette en place une réelle reconnaissance des
acquis pour les femmes ayant des limitations fonctionnelles en
tenant compte des différentes limitations (ex :
langage gestuel, oraliste, sensoriel, apprentissage du braille,
langage simplifié) et des différentes
expériences.
- Une certaine harmonisation est
également nécessaire à la fois entre les
différents services publics de l'éducation, de la
santé, de l'emploi mais également entre les diverses
composantes gouvernementales et non gouvernementales qui offrent
des services de formation continue. Le but est d'arrêter la
course à la clientèle ou à l'exclusion d'une
partie de la clientèle pour doter tous les adultes en
formation continue d'un savoir transférable, reconnu
et qualifiant, correspondant à leurs besoins
(accommodement : temps partiel, durée des études,
moyens de communication en médias substituts, ressources
humaines en accompagnement, diversité d'approche et de modes
d'intervention, etc.), pour leur ouvrir de nouveaux
horizons : études, travail, implication sociale,
culture, etc...
- L'accession à un premier diplôme
devrait être une orientation permettant de réduire
l'écart. L'État doit s'engager à offrir des mesures
d'accommodement et de compensation des coûts liés aux
limitations fonctionnelles, quel que soit le statut, le revenu
et la limitation fonctionnelle de l'adulte en besoin et doit
s'assurer que tous les intervenants et intervenantes, à
tous les niveaux (élaboration de programmes,
dispensation de services, références, etc.)
reçoivent la formation nécessaire pour appliquer
cette orientation et ces principes.
- Le gouvernement est aussi appelé à
adapter la protection sociale et la fiscalité à la
mouvance de l'environnement social et
économique.
- Nous réitérons toutes nos positions
exprimées sur le projet de loi 57. Plusieurs droits sur
lesquels le gouvernement du Québec a donné son accord, y
sont bafoués, que ce soit, entre autres, dans la
Déclaration universelle des droits de l'homme, les pactes
internationaux relatifs aux droits civils et politiques et aux
droits économiques, sociaux et culturels, la Charte des droits
et libertés de la personne du Québec, le Programme
d'action mondial concernant les personnes handicapées et les
Règles pour l'égalisation des chances des personnes
handicapées. (ex : niveau de vie suffisant ; programme
particulier; pension alimentaire, etc.)
- 3e orientation : susciter la
reconnaissance de la parentalité et du soutien aux personnes
dépendantes et mettre en place les conditions pour une
meilleure articulation des temps sociaux.
- L'importance de l'enjeu commande que l'État et les
acteurs sociaux s'engagent à promouvoir un meilleur partage
des responsabilités familiales et domestiques entre les
conjoints.
- Toutes les tâches et responsabilités qui sont
actuellement reportées sur les femmes, du fait de la
diminution des services publics, et particulièrement les
femmes qui s'occupent d'un enfant ou d'un adulte ayant une
limitation fonctionnelle doivent trouver des solutions autres que
le partage ou le transfert des tâches et responsabilités
sur le conjoint. L'État doit faire ne sorte que des programmes
et mesures gratuites et universelles soient planifiées et
appliquées pour répondre à ces besoins qui vont
aller croissant avec le vieillissement de la
population.
- Pour favoriser une meilleure articulation des temps
sociaux, plusieurs mesures doivent être mises de l'avant.
- Nous réitérons notre demande afin que
le ministre de l'Emploi, de la Solidarité Sociale et de la
Famille initie une démarche visant l'élaboration en vue
de l'adoption d'une politique d'ensemble sur la famille et les
proches.
Le document de consultation du ministère de l'Emploi, de la
Solidarité sociale et de la Famille sur le projet de politique
de conciliation travail-famille, que nous aurions
préféré voir intitulé famille-travail, ne
s'intéresse qu'à une partie de la problématique
reliée au soutien que l'État devrait apporter à la
famille et aux proches, et de surcroît, ce soutien n'est
envisagé qu'en fonction de l'exercice d'un emploi ou en vue
d'en favoriser l'accès. Or, les familles et les proches
n'ont pas uniquement besoin de ce type de soutien: les familles et
les proches ont besoin de soutien dans un sens beaucoup plus large,
y compris celui qui permet de concilier la famille et le travail.
Ce soutien compris dans un sens plus large doit se
matérialiser sous plusieurs formes et par le biais de
plusieurs types de mesures, notamment en ce qui concerne les
familles où l'on retrouve un parent, un enfant ou un adulte
ayant des limitations fonctionnelles ou encore en ce qui concerne
les proches de ces personnes. Et il est clair à nos yeux que
c'est l'État qui a la responsabilité d'assurer la mise en
place et l'accessibilité à ces mesures. À titre
d'exemple, mentionnons :
- des services de support et d'accompagnement au moment de
l'annonce d'un diagnostic établissant qu'un membre de la
famille a une limitation fonctionnelle (à la naissance d'un
enfant ou autrement)
- Des services d'intervention précoce
- Des services d'accueil, de référence, d'information,
de formation et de soutien ou d'aide psychosociale, dans une
perspective de continuité et de
complémentarité
- Des services de répit et de dépannage
- Des services de garde accessibles et
adéquats
- Des services de gardiennage (quel que soit l'âge de la
personne) et d'assistance à la personne1
- Des mesures de soutien aux rôles parentaux2 dans le cas des parents
ayant des limitations fonctionnelles (aides techniques, services
d'interprétariat, adaptations, assistance éducative,
assistance domestique)
- Des services d'intervention en temps de crise
- Des mesures de soutien direct tel que des mesures fiscales,
congés parentaux
- Des mesures d'accompagnement
- D'autre part, les nouvelles orientations
gouvernementales en matière de services à domicile parues
dans le document intitulé Précisions pour favoriser
l'implantation de la politique de soutien à domicile
constituent un important recul en particulier au niveau du
désengagement de l'État et à la sous-traitance.
(soins d'hygiène, aide à l'habillement, à
l'alimentation…) pour toutes les personnes dont
l'état de santé est « stable »,
mêmes si elles ont des incapacités significatives et
persistantes. La gratuité des services est aussi remise en
question.
- 4e orientation : améliorer la
santé et le bien-être en s'assurant que les services
soient adaptés aux réalités des femmes et
hommes.
- Pour y arriver, le gouvernement doit s'engager à
appliquer l'approche intégrée de l'égalité
(AIE) à la planification, à l'organisation et à
l'évaluation des services de santé et des services
sociaux, afin de s'assurer qu'ils soient adaptés aux
réalités différenciées des femmes et des
hommes, autant en matière de santé physique, mentale que
sexuelle et reproductive.
- Voir les exemples sous le titre « Réflexes
inclusifs ».
- Le réseau socio-sanitaire est invité à
adopter des mesures spécifiques aux groupes doublement
discriminés.
- Voir exemples sous le titre « Réflexes
inclusifs».
- En plus de mesures de rattrapage spécifiques, un effort
doit être fait pour rendre accessible tous les services
offerts à la population en
général.
- 5e orientation : Éliminer
toute forme de violence et atteinte à la dignité subies
en raison du sexe.
- Devant cette situation, il est primordial que le
gouvernement, ainsi que les acteurs sociaux concernés
continuent à développer et consolider les services visant
à éliminer la violence conjugale, les agressions
sexuelles et les abus contre les personnes
aînées.
- L'accessibilité aux ressources d'hébergement pour
femmes victimes de violence conjugales reste difficile aux femmes
qui ont des limitations fonctionnelles. L'État a la
responsabilité de financer les besoins d'accommodements de ces
ressources afin qu'elles puissent offrir les services
nécessaires aux femmes ayant des limitations fonctionnelles
;
- Une attention particulière devrait être
portée aux personnes ayant des limitations fonctionnelles,
suite aux nombreux scandales concernant des abus et violences dans
des institutions, des familles d'accueil, des pavillons, des
ressources d'hébergement, etc..
- Le Plan d'action gouvernemental 2004-2009 prévoit, en
ce qui concerne les femmes ayant des limitations fonctionnelles au
chapitre lié à l'adaptation aux réalités
particulières, engagement 50 « S'associer à
l'Office des personnes handicapées du Québec pour
documenter la problématique de la violence conjugale envers
les femmes handicapées. Nous voulons que, de la même
façon qu'il est prévu pour les femmes autochtones, les
organismes concernés par la violence faite aux femmes ayant
des limitations fonctionnelles soient associés. Nous voulons
également que les engagements 49, 51, 59 incluent les femmes
ayant des limitations fonctionnelles.
- Le gouvernement se doit aussi de lutter contre
l'exploitation sexuelle.
- Des outils d'information et de sensibilisation
doivent être développes pour contrer les mutilations
génitales et améliorer l'intervention auprès des
victimes.
- Nous rappelons que tous ces outils doivent
être accessibles.
- 6e orientation : soutenir
l'exercice du pouvoir et de la participation sociale en toute
égalité, pour les femmes et les hommes, sur les plans
national, régional et local.
- Viser la participation égale des femmes et des hommes
dans la sphère politique.
- Viser la participation égale des femmes et des hommes
dans la sphère économique.
- Viser la participation égale des femmes et des hommes
dans l'administration publique.
- Pour atteindre l'égalité entre les femmes et les
hommes, il faut reconnaître l'apport de la participation
sociale et offrir les conditions propices à son
exercice.
- Le soutien à l'exercice du pouvoir et à
la participation sociale des femmes ayant des limitations
fonctionnelles se fera si l'État a la volonté politique
de maintenir et consolider les mesures de rattrapage, de mettre en
place des mesures d'accommodement et de compenser les coûts
liés aux limitations fonctionnelles.
- 7e orientation : Assurer l'encrage
de l'égalité entre les femmes et les hommes au sein du
gouvernement.
- Pour y parvenir, il est essentiel, dans un premier temps, de
doter l'appareil d'état des ressources nécessaires à
la réalisation de l'égalité.
- Comme il s'agit d'une question sociétale et politique
de première importance, il sera souhaitable de partager la
responsabilité en matière d'égalité avec les
partenaires et les acteurs sociaux.
- L'état doit se doter de l'instrumentation adéquate
pour mettre en œuvre la politique d'égalité, dont
les statistiques ventilées selon le sexe et l'approche
(AIE).
- Il serait utile de développer et partager les
connaissances sur les plans régional, national et
international. Viser la participation égale des femmes et des
hommes dans la sphère politique.
- De plus, en cohérence avec la Loi sur l'administration
publique qui instaure une gestion par résultats, il est
essentiel d'assurer le suivi, l'évaluation et la reddition de
comptes à l'égard de la politique de l'égalité
aux paliers central, régional de l'appareil de
l'État.
- L'encrage de l'égalité entre les femmes
et les hommes au sein du gouvernement se fera si l'État
conserve sa responsabilité au niveau de l'application du droit
à l'égalité et a la volonté politique de
maintenir et consolider les mesures de rattrapage, de mettre en
place des mesures d'accommodement et de compenser les coûts
liés aux limitations fonctionnelles.
Nous espérons vivement que les travaux de la Commission des
Affaires sociales déboucheront sur une révision
importante du document « Vers un nouveau contrat
social pour l'égalité entre les femmes et les
hommes », à la lumière des propositions
de modification que nous vous avons faites.
L'inclusion des femmes ayant des limitations
fonctionnelles, la reconnaissance de la discrimination
systémique, de la double et de la multiple discrimination,
l'abolition des obstacles que ces discriminations
génèrent et la connaissance des différentes
limitations fonctionnelles et des moyens de la pallier, doivent
ressortir dans une véritable politique d'égalité en
raison du sexe.
Les moyens transversaux pour corriger les
inégalités et apporter une crédibilité aux
différentes orientations et aux différents axes
d'intervention sont l'obligation d'accommodement, la compensation
des coûts liés aux limitations fonctionnelles, le
maintien et l'amélioration des mesures de rattrapage, la
participation pleine et entière des femmes ayant des
limitations fonctionnelles et des groupes qui les
représentent.
Beaucoup de travail reste à faire afin que les
femmes ayant des limitations fonctionnelles obtiennent
l'égalité et l'inclusion. L'application de nos
recommandations est un moyen d'y parvenir. Plus d'un demi-million
de femmes comptent sur vous.
- Accès aux services et produits adaptés Inc.
(ASPA)
- Association canadienne des Ataxies Familiales (ACAF)
- Association canadienne des victimes de la thalidomide
(ACVT)
- Association de la neurofibromatose du Québec (ANFQ)
- Association de spina-bifida et d'hydrocéphalie du
Québec (ASBHQ)
- Association des paraplégiques du Québec (APQ)
- Association du Québec pour enfants avec problèmes
auditifs (AQEPA)
- Association générale des insuffisants rénaux
(AGIR)
- Association Multi-Ethnique pour l'intégration des
personnes handicapées (AMEIPHQ)
- Association Polio Québec
- Association québécoise des étudiants ayant des
incapacités au postsecondaire (AQEIPS)
- Association québécoise des parents d'enfants
handicapés visuels (AQPEHV)
- Association québécoise des personnes de petite taille
(AQPPT)
- Association québécoise pour les enfants dysphasiques
(AQEA)
- Association québécoise pour les troubles
d'apprentissage (AQETA)
- Centre québécois de la déficience auditive
(CQDA)
- Comité des personnes atteintes du VIH
(CPAVIH)
- Comité provincial des Adultes Fibro-kystique (CPAFK)
- Dystrophie musculaire Canada
- Emmanuel l'Amour qui Sauve
- Fédération des Mouvements personnes d'abord du
Québec (FMDPQ)
- Fédération québécoise des
laryngectomisés (FQL)
- Fédération québécoise de l'autisme et des
autres troubles envahissants du développement (FQATED)
- Fondation Sommeil : association de personnes atteintes de
déficiences reliées au sommeil
- Frères et Sœurs d'Émile Nelligan
- Kéroul, Tourisme et culture pour personnes à
capacité physique restreinte
- Regroupement des associations de personnes aphasiques du
Québec (RAPAQ)
- Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec
(RAAQ)
- Regroupement des associations de personnes traumatisées
cranio-cérébrales du Québec (RAPTCCQ)
- Regroupement des organismes de promotion o3 (ROP 03)
- Regroupement québécois pour personnes avec
acouphènes (RQPA)
- Société Canadienne de la Sclérose en Plaques -
Division Québec (SCSP)
- Société Logique
- Société québécoise de la Trisomie-21
Membres de soutien
- Action Autonomie
- Association québécoise pour le loisir des personnes handicapées
(AQLPQ)
- Association des groupes d'intervention en défense collective des
droits - santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ)
- Centre de ressources à la vie autonome du Montréal Métropolitain
(CRVA-MM)
- Conseil québécois des entreprises adaptées (CQEA)
Notes