Organisme collaborateur

Le Centre Pearson pour la formation en maintien de la paix, bureau de Montréal

Équipes techniques

Steve Brunelle, Chantal Breton, Pierre Riley, BeauGraf communication

France Moreau, Pierre Riley, Mélanie Cailleriez, Claude Raymond, BeauGraf communication

Dans le dernier numéro, nous aurions dû lire :

Délégation québécoise inscrite à la 16e Conférence mondiale convoquée par The International Association for Volunteer Effort, Amsterdam, janvier 2001.

De gauche à droite, de bas en haut : Hélène Lanthier, Pierre Riley, Marjolaine Northrup, Patricia Morin et France Cormier.

Page couverture : S.C.R. Experts conseils en mesures d'urgence

Droits d'auteur

La reproduction de ce document, en tout ou en partie et par quelque procédé que ce soit, est interdite. La référence à certaines informations contenues dans ce document est toutefois possible, à condition d'en indiquer la source.

ISBN : 2-922722-03-1

Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec

Bibliothèque nationale du Canada

Mot du directeur général

Texte tiré du rapport International Panel of Eminent Personalities to investigate the 1994 Genocide in Rwanda and the surrounding Events Chapitre 10 : Ce que le monde aurait pu faire pour éviter le génocide

10.1 :S'il y a pire que le génocide en tant que tel, c'est de savoir qu'il n'aurait pas dû se produire.

10.5 : Le Groupe tient à signaler qu'il partage la conviction de Roméo Dallaire, commandant des forces de la MINUAR1 : Les massacres auraient pu être évités si la communauté internationale avait eu la volonté d'en accepter les coûts.

10.13 :Les responsables du Secrétariat des Nations Unies donnèrent au général Dallaire la consigne de ne pas faire jouer à ses troupes un rôle actif dans la protection des citoyens rwandais. Dallaire, ce qui est tout à son honneur, manœuvra pour maintenir les forces à près du double de l'effectif autorisé et la MINUAR put quand même sauver la vie de 20000 à 25000 Rwandais au cours du génocide.

Ils sont élogieux ces écrits concernant le Lieutenant général (retraité) Roméo A. Dallaire. Mais j'avoue ne pas envier les images gravées dans la mémoire de cet homme. Elles sont lourdes et atroces à porter. Les événements du génocide rwandais se sont déroutés devant ce Québécois, qui avait l'odieux de gérer la situation dans laquelle le plongeaient ses fonctions de commandant des forces de la MINUAR et qui le plaçait aux premières loges de ce spectacle horrible. Sentant la colère gronder, Roméo Dallaire avait pourtant prévenu le Secrétariat des Nations Unies de l'urgence d'intervenir afin d'éviter la catastrophe. La consigne donnée par les responsables des Nations Unies fut la suivante : ne pas faire jouer à ses troupes un rôle actif dans la protection des citoyens rwandais. Roméo Dallaire parvint tout de même à faire en sorte que 25 000 Rwandais échappent au massacre.

Entre nous, je souhaite ne jamais être placé devant pareille situation.

Parfois, la vie place les êtres humains dans des circonstances extraordinaires. Une croyance populaire veut que, devant une épreuve, on trouve la force nécessaire pour la surmonter. La Croix Rouge et l'Association des radios communautaires sont membres du comité de l'Année internationale des bénévoles 2001 au Québec. La revue Bénévolat et mesures d'urgence vous présente ces organismes aux expertises particulières. Ils comptent dans leurs rangs des bénévoles au tempérament de meneurs et au sang-froid exceptionnel.

Grâce à ces groupes bien organisés, nous avons la chance d'avoir des gens prêts et formés lorsque survient le pire. Mais comme toujours dans ces circonstances, le pire revêt différentes formes, même ici au Québec. Que l'on pense seulement à la tempête de verglas, au déluge du Saguenay ou à ces 500 familles de la région de Montréal et de l'Outaouais, qui se sont retrouvées sur le trottoir, le 1er juillet dernier, faute d'avoir trouvé un logis.

Ce qu'il y a de fascinant aux jours sombres, c'est qu'ils sont le prélude de lendemains « bêtement » ensoleillés. Même pour le Lieutenant général (retraité) Roméo A. Dallaire. Depuis les événements, il a créé une fondation qui porte son nom. Cette fondation appuie financièrement le Camp Saint-Viateur (Charlevoix), qui accueille notamment des jeunes gens défavorisés. Le camp fait place aux activités de réflexion. Les principes écologiques et scientifiques qui orientent la démarche du camp me serviront de conclusion :

« C'est nous qui alimentons l'Âme du Monde, l'esprit de liberté individuelle, le sens de responsabilité envers la terre sur laquelle nous vivons. C'est là qu'intervient la force de l'être humain car, si nous respectons notre diversité et répondons à nos valeurs fondamentales de justice et de droit pour tous, nous nous assurons l'abondance de nos ressources et l'évolution positive de l'humanité. Nous voulons toujours être meilleurs que nous sommes ».

Camp Saint-Viateur

Merci au Centre Pearson pour la formation en maintien de la paix, bureau de Montréal, pour toutes les références données.

La ligue des droits et libertés afin d'éviter que les choses ne dérapent

Le Sommet des Amériques terminé (20, 21, 22 avril 2001), plusieurs organismes ont présenté une analyse de l'événement. L'un des bilans les plus attendus était celui de la Ligue des droits et libertés dont le rapport synthétisait les observations d'une quarantaine de membres bénévoles du Comité de surveillance des libertés civiles, délégués sur les lieux.

Des bénévoles au rôle particulier

Le Comité de surveillance des libertés civiles mis sur pied par la Ligue des droits et libertés en prévision des événements de Québec était constitué de citoyens engagés en faveur des libertés civiles, pour la plupart des avocats, des intervenants communautaires ou des stagiaires en droit. Plus du tiers des membres avaient déjà participé à des missions internationales d'observation des droits.

Tous les membres du Comité de surveillance avaient suivi une formation préalable sur des sujets tels que les droits fondamentaux et les violations les plus fréquentes en contexte de manifestation et lors d'une arrestation et d'une détention; le comportement des policiers dans ces situations; les méthodes et instruments de répression pouvant être utilisés et leur usage légal et illégal ; les diverses coalitions ou les groupes organisateurs de manifestations qui prévoyaient assister à l'événement; les méthodes de collecte d'information et d'observation et enfin, la topographie des lieux.

Les membres devaient agir conformément à un code de déontologie basé sur deux principes :

  • l'engagement envers les droits et libertés définis dans la Charte internationale des droits et libertés, ainsi que dans les Chartes canadienne et québécoise
  • l'indépendance envers tous les pouvoirs

Une fois sur le terrain

Le mandat du Comité de surveillance des libertés civiles était d'observer et d'enregistrer les incidents, les gestes ou les actions qui pouvaient constituer des violations ou atteintes aux libertés civiles, afin d'en témoigner de façon crédible auprès de l'opinion publique et des autorités politiques. Par sa présence, le comité souhaitait également exercer une action dissuasive visant à prévenir les situations de violation des libertés civiles. Les membres du Comité de surveillance portaient des dossards permettant de les identifier.

Les observateurs avaient pour règle de conduite de faire preuve de neutralité face aux parties en présence. Ainsi, aucun des observateurs ne devait s'engager dans l'organisation ou le déroulement d'une manifestation ni faire de représentations auprès des manifestants ou de la police et ne pas intervenir dans la résolution de conflits. Par ailleurs, les observateurs devaient faire preuve de réserve : ne pas faire de déclarations individuelles aux journalistes ou à des tiers, s'abstenir de toute familiarité avec les parties en présence, manifestants, policiers ou spectateurs, éviter toute interférence dans l'action de la police, suivre les directives données et, notamment, quitter les lieux en cas de proclamation d'émeute. Enfin, les observateurs devaient porter un dossard en tout temps afin que l'on puisse clairement les identifier.

Une fois l'événement terminé, tous devaient rédiger des rapports d'observation rigoureux et contribuer à la rédaction d'un rapport final. Les conclusions du rapport déposé à la suite du Sommet de Québec sont diffusées sur un site Internet www.libertésciviles-civilliberties.ca

créé pour l'occasion par la Ligue des droits et libertés. On y relate entre autres choses que 5148 grenades ont été utilisées pour gazer les manifestants. À Genève, on déplorera autre chose...

Qu'est-ce que la ligue des droits et libertés?

Fondée en 1963, La Ligue des droits et libertés est un organisme sans but lucratif, indépendant et non partisan de promotion et de défense des droits et des libertés. S'inspirant de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Ligue défend les droits civils et politiques comme les droits économiques, sociaux et culturels et affirme leur indivisibilité et leur universalité. Elle est affiliée à la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH). Au cours de son histoire, la Ligue des droits et libertés s'est associée à de nombreuses luttes contre la discrimination et les abus de pouvoir. Elle est aujourd'hui l'une des plus anciennes organisations de défense et de promotion des droits des Amériques.

La Ligue a contribué à la mise en œuvre de nombreuses réformes juridiques et sociales. Mentionnons entre autres :

  • L'adoption de la Charte des droits et libertés de la personne et la création de la Commission des droits de la personne du Québec
  • L'abolition de la peine de mort
  • La démocratisation de l'accès à la justice et la création du régime de l'aide juridique
  • La mise en place du système de protection de la jeunesse

Les libertés d'expression et de réunion pacifique sont garanties par la Déclaration universelle des droits de l'homme et par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. En droit canadien, les libertés d'expression et de réunion pacifique sont garanties par la Charte canadienne des droits et libertés et par la Charte québécoise. La Ligue doit veiller au respect de ces libertés fondamentales et dénoncer tout atteinte à ces droits constitutionnels.

Créer une force bénévole auxiliaire pour faire face à l'imprévisible

La Croix-Rouge canadienne et la gestion des sinistres

Josée Payant

Directrice du Service des programmes. Croix-Rouge canadienne. Division du Québec

La Division du Québec de la Croix-Rouge canadienne a pour mission d'aider les populations les plus vulnérables à faire face aux situations qui menacent leur survie et leur sécurité, leur bien-être et leur dignité humaine, ici même et partout dans le monde. Au Québec, des milliers de bénévoles répartis dans plus de 200 sections locales offrent des services d'aide aux sinistrés, de premiers secours et d'éducation à la prévention. Chaque année, ils interviennent dans près de 700 situations d'urgence et viennent ainsi en aide à plus de 3000 personnes sinistrées.

La Croix-Rouge joue un rôle clé dans la sécurité civile au Québec. À titre d'auxiliaire des pouvoirs publics, elle est liée par un protocole d'entente avec le ministère de la Sécurité publique depuis 1989 pour la prestation des services aux sinistrés. Son assistance s'exerce en premier lieu lors de la phase d'urgence d'un sinistre et vise à répondre aux besoins de base : alimentation, hébergement, habillement, santé, fournitures domestiques et information. L'objectif est de favoriser un retour à la vie normale dans les plus brefs délais.

Lorsqu'un sinistre survient, les ressources humaines déployées par les autorités responsables de la sécurité civile sont souvent rapidement débordées. La Commission Nicolet a souligné dans son rapport l'utilité d'une réserve d'auxiliaires en sécurité civile.

« De façon générale, la Commission appuie l'idée de recruter et de former à l'avance des personnes et de leur proposer des exercices et des simulations permettant d'accroître leur performance lors d'un sinistre. »

(Pour affronter l'imprévisible, p. 213)

« II faut que le bénévolat soit intégré dans le système de sécurité civile, principale ment au plan des services aux sinistrés... que les liens entre les pouvoirs publics et la société civile soient formalisés... Un contrôle approprié des bénévoles dès la phase de préparation... et des ressources doivent être consacrées pour s'occuper du bénévolat en période normale. »

(Pour affronter l'imprévisible, p. 240-241)

L'expérience nous prouve que plusieurs citoyens veulent se rendre utiles et sont généreux de leur temps lors de sinistres. D'ailleurs, on note qu'il n'y a pas de pénurie de bénévoles lors de catastrophes. Il faut toutefois des gens expérimentés, des leaders, pour catalyser et encadrer cette bonne volonté.

La Croix-Rouge peut aussi compter sur des bénévoles formés et préparés à intervenir à la grandeur du territoire. Nos bénévoles expérimentés peuvent encadrer les bénévoles spontanés nombreux à offrir leur aide. Un des défis consiste à ce que chacun de ces nouveaux bénévoles respecte les limites de sa tâche.

S'inspirant des pratiques de la Croix-Rouge américaine, la Division du Québec a élaboré un modèle d'organisation en fonction de la densité de la population, des affinités régionales et des risques potentiels dans l'ensemble du territoire. Dans les zones à plus faible densité de population, là où le risque est moins élevé, les équipes comptent un nombre minimum de bénévoles en mesure de fournir les services aux sinistrés. Dans les zones urbaines, notamment les villes-centres, où se concentrent à la fois les populations les plus vulnérables et les immeubles résidentiels à plus forte densité, les équipes d'intervention locales sont aptes à analyser les besoins personnels des sinistrés, à leur fournir les services incluant les premiers soins et à ouvrir un centre d'accueil et d'information et un centre d'hébergement.

Pour les régions administratives du Québec, la Croix-Rouge est à mettre en place des équipes prêtes à intervenir en cas de sinistres majeurs. Ces équipes auront pour mandat de coordonner l'intervention des ressources bénévoles. Elles seront composées de bénévoles spécialisés dans les domaines appropriés (administration, logistique, communication en situation d'urgence, etc.) et libérés par leurs employeurs pour une période déterminée.

L'avenir nous réserve un accroissement du nombre de sinistres et de leur amplitude et ce, dû au réchauffement climatique provoqué par l'homme. Les mutations environnementales mettent des millions de personnes en danger. Ici même, au Québec, nous avons connu depuis 1988 au moins un sinistre majeur à chaque année. Les pluies diluviennes de 1996 et la tempête de verglas de 1998 nous ont prouvé qu'une catastrophe peut nous arriver.

En cas de sinistre, la Croix-Rouge sait concevoir des programmes d'aide en collaboration avec les ressources du milieu, canaliser la générosité du public pour assister les sinistrés et faire appel à des experts internationaux de son réseau en matière de gestion opérationnelle. Enfin, elle sait surtout mobiliser rapidement les nombreux bénévoles des différentes régions du Québec, prêts à intervenir en tout lieu, en tout temps.

Sos sinistrés

Du bénévolat en assurance

Qui de mieux placés que ces intervenants de l'Industrie de l'assurance de dommages, ces spécialistes des drames et des sinistres, pour prêter secours aux démunis dans les situations d'urgence?

Bien qu'au Québec nous ayons la réputation d'être surassurés, pour beaucoup de personnes, une assurance habitation est encore un luxe qu'ils ne peuvent s'offrir. Ils ne peuvent se l'offrir avec leur salaire minimum, leurs faibles revenus et ils ne bénéficient, par ailleurs, d'aucune aide sociale quelconque. Pour ces citoyens, un sinistre tel qu'un incendie ou autre pourrait les laisser totalement démunis, parfois même à la rue...

Parallèlement à cela, avec « l'avenant valeur à neuf » de nos polices d'assurance habitation, de nombreux biens sont souvent déclarés « perte totale » (et remplacés à neuf) par les assureurs, des biens qui sont pourtant récupérables, recyclable, moyennant une restauration et un nettoyage. Ces opérations de restauration ne les rendront pas tels qu'avant le sinistre, mais encore bons et utilisables. De façon informelle, déjà, les assureurs disposent de ces biens endommagés et usagés qui font la joie des coureurs d'aubaines. Entrez maintenant dans le merveilleux monde du bénévolat, et voyez comment ce qui « ne faisait plus l'affaire des uns »... fera bien maintenant « le bonheur des autres », des autres, c'est-à-dire des sinistrés non assurés.

Oeuvrant dans l'industrie de l'assurance et de la restauration après sinistres depuis 31 ans, M. Serge Lescarbeau est directeur des ventes chez Lebeau vitres d'autos, et c'est de lui qu'a germé l'idée de fonder cet organisme SOS Soutien-O-sinistréS, en partenariat avec la Croix Rouge canadienne, division du Québec. Faire bénéficier les « démunis non assurés » de ces rebuts de l'assurance, tel était son souhait. Et depuis un an, il travaille pour tout mettre en œuvre, sollicitant les assureurs et autres intervenants de l'industrie de l'assurance.

Curieusement, on utilisait autrefois le terme « salvage » dans le jargon d'assurance (mot anglais pour récupération, sauvetage) pour désigner ces biens que les assureurs vendaient pour réduire les coûts de leurs sinistres. Jamais ils n'auront aussi bien mérité cette appellation, ces biens de « salvage » qui serviront maintenant à une noble opération de sauvetage en effet. Car, dorénavant, grâce aux protocoles d'entente conclus avec les assureurs par M, Lescarbeau et toute son équipe de bénévoles, ces biens de « salvage » seront généreusement donnés par les assureurs à SOS Soutien-O-sinistréS, et distribués aux démunis non assurés, par le biais de la Croix Rouge qui recevra les demandes et en évaluera l'éligibilité.

Ce fut un travail de titan que d'organiser un projet d'une telle envergure en l'espace d'une année seulement, et le tout... de façon entièrement bénévole ! Tous les gens qui ont travaillé à cette cause l'ont fait par le don généreux de leur temps. De la conception publicitaire (brochures, dépliants, cartes d'affaires et papier d'affaires) à l'aspect légal de toute l'organisation (incorporation, charte, etc.), en passant par tout le travail de sollicitation des différents intervenants, tout est l'œuvre de bénévoles et de généreux donateurs.

Tous des hommes et des femmes d'affaires du milieu de l'assurance, c'est-à-dire assureurs, firmes d'avocats des assureurs, fournisseurs électroniques des assureurs, nettoyeurs et restaurateurs après sinistres, firmes d'experts en sinistres, firmes de location de véhicules, de réparation de vitres d'autos, de pièces d'autos, etc. : j'en passe et j'en oublie. Tous des hommes et des femmes d'affaires qui ont déjà vu et vécu, de près ou de loin, des sinistres de tous genres et qui ont ressenti le désir d'éprouver leur compassion autrement que par les mots, mais dans l'action.

Ils n'attendent plus que les sinistres et les sinistrés pour réaliser leur premier sauvetage. Chacun connaît son rôle, la Croix Rouge, la coordonnatrice (seule salariée de l'organisation), tous les différents intervenants bénévoles de l'Industrie d'assurance, et ils se disent prêts à répondre à toute mesure d'urgence. De nombreux biens sont déjà entreposés et prêts à être distribués: appareils électroménagers, meubles, appareils électroniques etc., autant de biens qui attendent d'être distribués à des fortunés d'infortune. Qui a dit que le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres, n'a jamais si bien dit !

Bénévoles en mesures d'urgence et en recherche et sauvetage

Le Québec et le Canada sont très vastes... et encore plus lorsque l'on s'y perd. Ces particularités géographiques nous ont permis de tirer maintes leçons : de la tempête de verglas qui a secoué le Québec en 1998, aux inondations du Manitoba, en passant par le déluge du Saguenay et les tempêtes de neige qui ont paralysé la Colombie-Britannique et l'Ontario. Ces événements nous ont prouvé que lorsque surviennent des catastrophes de taille, il est essentiel de pouvoir compter sur la participation de bénévoles qui, lorsqu'ils reçoivent une formation pertinente, deviennent d'inestimables alliés.

Contrairement à l'opinion courante, les statistiques démontrent qu'au Canada et ailleurs dans le monde les bénévoles sont responsables de 85% à 95% des sauvetages lors de catastrophes naturelles ou de disparitions dans le court laps de temps qui offre les meilleures chances de survie (les premières 24 heures après l'incident.)

Au Canada, les interventions des bénévoles en recherche et sauvetage au sol permettent d'économiser l'équivalent du salaire versé à 155 bataillons (de 700 personnes) des forces armées canadiennes pour une journée de travail dans de telles circonstances. Ce calcul est fondé sur une estimation (octobre 1999) très conservatrice d'une moyenne de 200 heures par bénévole par année pour 13008 bénévoles; il ne tient pas compte des heures de bénévolat effectuées pour le compte de la GCCA2 (bénévoles maritimes) ou de CASARA3 (bénévoles de l'air), qui viendraient grossir ce nombre plusieurs fois.

Dans la plupart des provinces et territoires du Canada, les bénévoles doivent, pour rendre ces services, défrayer les coûts de la formation et de l'équipement nécessaires et assumer les dépenses reliées aux demandes d'aide émanant des autorités, sans aucune possibilité de remboursement ni déduction d'impôt (des privilèges dont bénéficient déjà les volontaires rémunérés, pompiers et ambulanciers!)

Les bénévoles en recherche et sauvetage au sol, contrairement aux autres bénévoles de l'air, du domaine maritime ou œuvrant auprès des sinistrés après le sauvetage, ne bénéficient d'aucune subvention de la part du gouvernement fédéral. Le soutien accordé par les provinces et territoires aux bénévoles en recherche et sauvetage est soit inégal, soit insuffisant ou carrément inexistant ; ils doivent donc passer le plus clair de leur temps à solliciter les fonds nécessaires à leurs interventions.

Lorsque l'on songe notamment au coût du matériel de télécommunication, il apparaît clairement que l'effort demandé pour la recherche de fonds est énorme. On aura vite compris que les bénévoles en recherche et sauvetage doivent consacrer une bonne part de leurs temps libres à suivre des cours de formation (RCR, premiers soins, cartes et boussole, survie, techniques de recherche, sauveteur brancardier, sauvetage sur plans inclinés, sauvetage en milieu urbain, etc.), à pratiquer ces techniques, à mettre leurs connaissances à jour, à entretenir le matériel, à faire du recrutement, à effectuer des tâches administratives, à organiser des simulations, des formations et des campagnes de prévention, à organiser des activités de financement qui leur rapporteront en bout de ligne peut-être 300 $... tout cela dans le but de se préparer à répondre à une demi-douzaine de demandes d'intervention ou de sauvetage par année, tout au plus.

Il serait également bon, mais difficile, de trouver le temps nécessaire pour organiser des campagnes de sensibilisation au rôle peu connu de ces bénévoles ou encore pour mettre sur pied une association qui défendrait leurs intérêts. La moyenne d'heures consacrées à ce travail par un chef de groupe frôle les 40 heures par semaine et parfois plus. Il n'est donc pas surprenant qu'il y a une si grande rotation dans ce domaine.

Par Carol Ann Namur

Représentante des bénévoles en recherche et sauvetage du Québec pour la Sûreté du Québec

P.D.G. Le Groupe bénévole Sauvetage Canada Rescue

Directrice pour le Québec de l'Association canadienne des volontaires en recherche et sauvetage (ACVRS)

P.D.G. S.C.R. Experts conseils en mesures d'urgence

Et pourtant, quand on sait pertinemment que ce sont les bénévoles : « qui sont responsables de 85 % à 95 % des sauvetages lors de catastrophes naturelles ou de disparitions dans le court laps de temps qui offre les meilleures chances de survie (les premières 24 heures après l'incident), »

on comprend aisément qu'il faille absolument accroître le nombre de bénévoles en recherche et sauvetage et en intervention d'urgence! Les leçons tirées des sinistres à l'échelle mondiale nous apprennent que c'est grâce à la participation des bénévoles, plus que celle d'employés rémunérés (en nombre nettement insuffisant), que nos collectivités parviendront à mettre sur pied des programmes de planification, de prévention et de mise en œuvre de mesures visant à atténuer les répercussions et les conséquences des sinistres en termes de vies humaines, de ressources et de reconstructions coûteuses. Les bénévoles en recherche et sauvetage, en particulier ceux qui interviennent lors d'opérations de sauvetage sur terre, représentent une ressource dont l'importance a été trop longtemps ignorée par le Canada et ses collectivités. C'est également une ressource de choix pour aider une municipalité à rendre son plan d'urgence opérationnel et pour offrir une expertise pertinente dans le processus d'élaboration.

Au Québec, 95 équipes de recherche et sauvetage sont répertoriées à ce jour. La Sûreté du Québec, qui a reçu ce mandat du ministre de la Sécurité publique en 1998, vient de compléter la rédaction des premières directives pour le déploiement des équipes de bénévoles organisées pour la recherche et le sauvetage. Un membre du personnel de la Sûreté du Québec a été désigné dans chacun des dix districts du Québec à titre de coordonnateur des bénévoles en recherche et sauvetage. Chaque coordonnateur de district collabore avec un coordonnateur bénévole (à l'exception de la Côte-Nord où le poste reste à combler) chargé de recruter, de renseigner et d'aider les équipes qui se portent volontaires ou les bénévoles qui désirent recevoir une formation. Tout ce travail se fait bénévolement.

Un coordonnateur provincial représentant la Sûreté du Québec et une représentante des bénévoles en recherche et sauvetage complètent l'équipe. Tous les membres siègent à une table de concertation.

Ces efforts ne sont pas vains puisqu'ils assurent un déploiement plus efficace des bénévoles en recherche et sauvetage lors des interventions. Il reste cependant beaucoup à faire, sans compter le travail qui incombe à chaque municipalité pour être en mesure de répondre à un sinistre de manière efficace.

La Direction générale de la sécurité civile (DGSC), dans le cadre du mandat qui lui est confié, doit offrir un soutien aux autorités municipales lors de la préparation ou de la mise en œuvre du plan de mesures d'urgence. Celle-ci devrait donc également jouer un rôle de soutien (qu'elle a abandonné vers le milieu des années 1980) à l'égard des bénévoles en recherche et sauvetage et en mesures d'urgences. Soulignons par ailleurs que lorsque la DGSC (alors appelée Bureau de la protection civile du Québec) a abandonné ce rôle, laissant à la dérive et sans gouvernail plus de 10 000 bénévoles formés, structurés et équipés pour intervenir lors de sinistres ou d'opérations de recherche et de sauvetage, le nombre d'intervenants a chuté à moins de 1000 en l'espace de deux ans environ !... Sans vouloir se consoler, mentionnons que ce fut le cas de plusieurs autres provinces.

Des ententes fédérales/provinciales de longue date prévoient le remboursement de 75 % des sommes dépensées par les provinces en matière de frais de CSST lors d'accidents survenant durant les interventions d'urgence ou de pratiques approuvées. Les changements fréquents apportés aux politiques gouvernementales en matière de « protection civile » au cours des ans, ainsi que la mobilité du personnel, ont sans doute contribué à reléguer ce dossier devenu inutile aux oubliettes. En effet, il ne semble toujours pas y avoir d'offre de la part de la DGSC pour assumer la couverture CSST des bénévoles dans les circonstances évoquées. Pour le moment, la SQ se débrouille seule pour offrir cette couverture.

Entre temps, notre projet a fait boule de neige. La MRC de Bellechasse décide d'apporter sa contribution ainsi que la Beauce.

Notre problème devient le transport. Heureusement, l'Association des Transporteurs Routiers Beauce-Appalaches-Mégantic-Amiante nous offre ce service. Quant au bois, la générosité de nos concitoyens n'est pas épuisée. Le service communautaire du Centre de Santé des Etchemins nous offre ses locaux et ses lignes téléphoniques, la radio ses ondes, les maires leur concertation locale, la compagnie de téléphone un cellulaire, etc.

Mon ami Gaétan se joint à nouveau à moi et on relance une deuxième étape. Quelle aventure! Nos heures de sommeil ont été brèves mais comment résister à ces appels de détresse? Puisque bien sûr, bien des paroisses de la Montérégie ont fait appel à notre solidarité.

Durant ces dix jours, environ 600 cordes de bois de chauffage ont été données et transportées gratuitement (on a refusé le paiement que certains voulaient nous faire) à partir de notre MRC seulement (des Groupements forestiers se sont aussi impliqués).

Et CFIN FM Radio Bellechasse? Quel précieux outil dans un milieu! Sans son existence, ce projet d'entraide n'aurait pu se réaliser. Merci à tous ces visionnaires qui ont mis sur pied cet outil de développement.

Merci à tous ceux et celles qui se sont joints à nous pour rendre ce projet réalisable et en particulier à l'ex-préfet M. Roger McCaughry qui a donné l'élan à cette concertation exceptionnelle.

Pourtant, notre pays a une expertise reconnue en matière de planification de mesures d'urgence, et le Collège de la protection civile du Canada possède une réputation internationale pour la qualité de la formation dispensée en cette matière. Les provinces et territoires offrent également des programmes de planification en mesures d'urgence (principalement au Québec, dans plusieurs cégeps). Malheureusement, malgré toutes ces mesures et tous les sinistres récents qui ont démontré hors de tout doute l'importance des bénévoles en recherche et sauvetage au sol, le soutien et, plus particulièrement, l'aide financière en ce domaine sont lents à venir.

À titre d'exemple, la main-d'œuvre formée en recherche et sauvetage requise pour porter secours dans les premières 24 heures aux victimes d'un tremblement de terre comparable à celui de Kobé, au Japon (population : 1 million; bilan : 36000 blessés, 5000 morts), serait de 15000 sauveteurs pour le sauvetage léger4 et de 16666 sauveteurs pour le sauvetage lourd 5, répartis sur deux quarts de travail de 12 heures. Pour une population de 1000 habitants comptant 40 blessés et 10 morts, l'opération nécessiterait 49 sauveteurs formés (pour le sauvetage seulement).

Ces chiffres sont préoccupants lorsqu'on se rappelle que la vallée du Saint-Laurent, telle que nous la connaissons aujourd'hui, est le résultat d'une série de tremblements de terre qui ont duré six mois dans les années 1600, et que Montréal a déjà été le site d'un séisme de force 9 sur l'échelle Richter.

Les changements climatiques actuels et à venir laissent présager des besoins accrus en matière d'intervention lors de sinistres. Espérons que cette Année internationale des bénévoles offrira aux gouvernements (fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux) et aux donateurs corporatifs l'occasion d'amorcer une réflexion sur l'engagement social, le dévouement et le rôle significatif que jouent ceux et celles qui s'engagent corps et âme dans le monde de la recherche et du sauvetage dans les collectivités canadiennes et ailleurs. Ces bénévoles travaillent dans l'ombre jour après jour et accomplissent des tâches refusées par d'autres afin de permettre qu'un jour, ils puissent offrir le meilleur d'eux-mêmes lorsque les circonstances les amèneront à sauver une vie.

Espérons enfin que cette réflexion mènera à des actions concrètes qui rendront possible, sur les sites de sauvetage, la prise en charge des bénévoles spontanés par des bénévoles organisés et formés pour la recherche et le sauvetage dans toutes les collectivités du Québec et du Canada.

Pour obtenir plus d'information, joindre ou former une équipe ou encore pour faire un don, rendez-vous au site Internet : www.scr.ca.

Ce site contient l'adresse des équipes du Québec. Vous y trouverez également un lien vers le site de l'Association canadienne des volontaires en recherche et sauvetage.

VERGLAS

Qui se souvient du mois de janvier 1998?

dimanche 4 janvier

La météo nous prédit des quantités impressionnantes de précipitations. Mais comme tous les Québécois... la neige ne me fait pas peur. Je m'extasie comme plusieurs, lorsque les premières pluies verglaçantes transforment les arbres et les édifices en magnifiques sculptures de givre. La conduite automobile s'avère un peu plus difficile, mais on a vu d'autres!

lundi 5 janvier

mardi 6 janvier

La situation se corse. Les bulletins de nouvelles nous apprennent que 700000 abonnés sont « débranchés » et que la Croix-Rouge installe ses premiers centres d'hébergement. En soirée, rivée au téléviseur, comme tous ceux qui ont encore de l'électricité, je commence à réaliser l'ampleur du désastre qui s'abat sur nos têtes et à me trouver... privilégiée !

La tempête semble se calmer quelque peu et 300 000 abonnés d'Hydro-Québec sont « rebranchés ». Les Québécois gardent le moral, encouragés en ce sens par Messieurs Lucien Bouchard, Premier ministre du Québec et André Caillé, président d'Hydro-Québec.

jeudi 8 janvier

En me rendant à mon travail, j'apprends par la radio que les deux lignes de 230KV qui alimentent le poste de Saint-Césaire ont flanché sans crier gare : 500000 foyers sont dans le noir. À 14 h étant donné la dangerosité des routes, la compagnie qui assure le transport des élèves fréquentant l'école où je travaille (dans les Basses-Laurentides) persuade le directeur de procéder à un départ hâtif. Rentrée saine et sauve à la maison, je contacte parents et amis afin d'offrir l'hospitalité à ceux qui seraient privés d'électricité. Tous sont en sécurité et je me sens de plus en plus inutile... !

Même si je n'ai aucune expérience en « sinistres météorologiques », impulsivement je téléphone au Centre d'action bénévole, BordeauxCartierville afin de leur offrir mon aide. On me met aussitôt en communication avec Madame Lise Malboeuf qui accepte gentiment mon offre et me demande d'agir en tant que chauffeure. Le mandat est simple : il s'agit d'aller chercher des familles et de les amener à dans des centres d'hébergement. Cela me semble facile, mais l'absence de feux de circulation complique la tâche et ça, sans parler de l'eau qui arrive presque au niveau du pare-chocs de la voiture. Lire les adresses quand aucun lampadaire n'éclaire les rues est compliqué. Il faut s'arrêter souvent, marcher jusqu'aux immeubles, trouver l'adresse pour réaliser qu'on s'est trompé!

vendredi 9 janvier à 6 h 30

Je me prépare à aller au travail, quand je reçois un appel téléphonique m'avisant que l'école sera fermée toute la journée. Immédiatement après un solide petit déjeuner, je retourne au « centre de crise » persuadée qu'on saura bien « m'occuper ». La journée se passe principalement en transport. On nous demande d'aller chercher des gens âgés dans leurs logis et de les amener au centre d'hébergement où ils seront pris en charge. Leur démarche est le plus souvent incertaine, je dois demander l'aide de voisins ou de passants afin de les installer dans la voiture. Pas d'accident, si ce n'est une crevaison réparée par un de mes passagers qui accompagnait sa grand-mère, et ce en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire.

Rétrospectivement je m'étonne que tout se soit aussi bien déroulé. Les rues de la ville étaient à peine carrossables, des branches d'arbres et, des fils électriques nous barraient souvent le chemin!

En soirée, j'ai eu le plaisir d'être « affectée » à une salle où séjournaient de jeunes mères et leurs enfants. Mes « fonctions » consistaient à distribuer au besoin des couches, du lait, des débarbouillettes et des conseils. On oublie vite sa fatigue quand une jeune maman épuisée par le manque de sommeil, vous confie à bercer, son bébé de cinq semaines!

samedi 10 janvier à 7h

Retour à mon poste de bénévole. La matinée et l'après-midi se passent à faite du transport. Les gens que je véhicule sont reconnaissants. Certains m'offrent même de me dédommager! Vers l'heure du souper avec les autres bénévoles, j'aide à la distribution du repas puis au rangement du matériel. Tous gardent le sourire malgré la fatigue qui s'accumule.

dimanche 11 janvier

Après avoir avisé mon père que je n'irai pas le visiter comme prévu étant donné les circonstances, je réintègre mes fonctions de chauffeure. Il s'agit, au fur et à mesure que le service d'Hydro-Québec est rétabli, de raccompagner les gens à leur domicile. Madame Malboeuf me confie son téléphone cellulaire et me demande de vérifier si à certaines adresses, l'électricité est revenue.

Quel soulagement pour ceux et celles qui peuvent regagner leur logis. Je me rappelle en particulier d'une dame habitant la rue Poutrincourt, qui s'est mise à pleurer de joie et m'a remercié avec effusion, un peu comme si je venais de lui sauver la vie!

Tranquillement, dans le quartier, la vie reprenait son cours... Le soleil réapparu, révélait l'ampleur des dégâts. Il faudrait des semaines pour réparer, nettoyer, remplacer, reconstruite, consoler, guérir, tous le réalisaient!

En regagnant mon domicile en début de soirée, je me suis sentie envahie par un sentiment de solidarité comme je n'en avais jamais connu jusque là. J'étais fière d'être Montréalaise et Québécoise, fière de la façon dont nous avions riposté au monstre de glace qui avait essayé de nous terrasser. Jamais je ne pourrai oublier le dévouement incroyable des responsables. Car contrairement à moi qui chaque nuit regagnais mon lit douillet, ils ne s'accordaient presque aucun répit et demeuraient au centre d'urgence, prêts à toute éventualité.

Solidarité Etchemins/Montérégie : Opération Verglas

Retraité depuis quelques mois, travailleur social de formation, ex-dirigeant d'un établissement de santé, président de CFIN FM Radio Bellechasse (communautaire), mon téléviseur nous montrait par un triste samedi de janvier 1998 les événements dramatiques que vivaient nos concitoyens de la Montérégie et des environs. M, Flanagan en annonçait encore davantage. Je saisis au vol un commentaire sur le besoin de bois de chauffage. Il n'y a à peu près pas de citoyens de notre IV1RC qui ne chauffent pas au bois du moins partiellement. Nous avons une radio communautaire qui avait déjà fait ses preuves dans la mobilisation de la population. Je connaissais bien le préfet de la MRC des Etchemins, M. Roger McCaughry, et je savais la générosité de notre milieu (18500 personnes).

Par Raymond Boutin

Citoyen des Etchemins

Je fais part de cette réalité à notre préfet et lui demande son appui, connaissant son influence auprès de ses 13 collègues maires et ses contacts avec des transporteurs potentiels. Dès 11 heures, on se rend à la radio. Le directeur de la radio et l'animateur en onde nous laissent le micro et on « teste » notre projet puisque tout n'est pas encore ficelé (entre autres, à qui enverrons-nous ce bois?) La réponse est très positive. Des gens offrent leur bois, des maires d'organiser la cueillette, des transporteurs leur camion, des citoyens pour la logistique, etc. Mais la Sécurité civile nous décourage de l'initiative puisqu'on préférerait sortir les « sans électricité » de chez eux plutôt que de les aider dans leur maison. On doit donc mettre notre projet en attente nous doutant bien devant l'ampleur du désastre que la Sécurité civile pouvait bien changer d'orientation.

Le lendemain, dimanche, le préfet reçoit un appel d'un organisateur des mesures d'urgence de Boucherville qui avait entendu parler de notre offre par un de nos auditeurs de sa parenté. Vers 13 heures, on se rend à nouveau CFIN FM et on lance le projet. Le temps de le dire, nos quatre lignes téléphoniques sont occupées. Entre ses appels publics à la solidarité, le préfet, toujours par la voie des ondes radio puisque plusieurs sont absents et le temps presse, essaie de retracer tous les maires pour qu'ils organisent la collecte dans leur paroisse et il trouve un transporteur. Qui paiera au moins l'essence? Pas facile un dimanche! Personnellement, je m'occupe de la logistique avec un fidèle auditeur, M. Gaétan Pouliot, qui vient me prêter main forte. Dès 16 heures, nous avons 120 cordes de bois de chauffage déposées dans les 14 paroisses de notre MRC. Quelle générosité! Nos problèmes de logistique ne se comptent plus. On a besoin de deux autres camions et de chauffeurs. Il est décidé que la MRC paierait l'essence. Impossible de charger tout ce bois à la main. On a besoin de chargeuses dans les grosses paroisses. Les semi-remorques à hautes ridelles ne peuvent être chargées que par une pelle mécanique ou d'imposantes chargeuses montées sur un quai de chargement. Où trouver ces appareils un dimanche soir d'hiver? Les connaissances et l'influence de notre préfet sont rudement mises à l'épreuve. Devant l'immense tas de bois à Lac-Etchemin, y a seulement Julien, un entrepreneur en excavation, qui peut nous aider. Il décide se sortir sa pelle mécanique et son fardier qui n'ont pas fonctionné depuis l'automne.

Après avoir fait la cueillette dans les treize paroisses, il est 23 heures 30. J'accompagne les trois camions lourdement chargés et on quitte à destination de Boucherville, avec qui nous sommes en contact par cellulaire, puisqu'il faut savoir où aller et comment seront déchargés ces camions.

En cours de route, nous doublons des camions qui semblent aussi être chargés de bois. Un contact par radio s'établit et on apprend que ce sont des citoyens du Lac-Saint-Jean (SaintGérard plus précisément). Solidarité-Québec quoi!

Les images d'horreur vues à la TV nous apparaissent à Drummondville, que je n'avais jamais vu éclairée seulement par une faible lune. Et que dire de ces arbres cassés et des pylônes renversés.

À 4 heures, nous sommes dans un stationnement de centre d'achat de Boucherville. Se tenir debout exige une attention particulière. La Ville a mis à notre disposition une rétrocaveuse qui sort les 10 premiers pieds de bois, mais les autre trente ou quarante pieds? Des jeunes arrivent sans grand enthousiasme à cette heure de la nuit. Comment on procède ? Qui fait quoi ? Une méthode de travail se développe et vers 6 heures 30, les trois camions sont déchargés à l'huile de bras. Drôle de se retrouver à 5 heures du matin à la noirceur en train de décharger du bois avec des inconnus, jeunes et moins jeunes, mais tous mobilisés par l'entraide. Quelle solidarité !

Les premiers consommateurs sont déjà sur place avec les coffres de voiture grands ouverts.

De retour chez moi vers 11 heures, sans avoir trop dormi dans le camion, je reçois un appel du responsable de Boucherville qui nous demande un autre effort puisque leur réserve est déjà épuisée.

UNICEF

Programme des jeunes ambassadeurs pour l'action contre les mines

Le Programme des jeunes ambassadeurs pour l'action contre les mines (PJAAM) est un réseau durable de jeunes gens actifs qui sensibilisent les collectivités locales au problème des mines. Ces interventions favorisent le soutien au mouvement d'action contre les mines et permettent de recueillir des fonds pour venir en aide aux communautés touchées par la crise mondiale des mines antipersonnel. Rôle des jeunes ambassadeurs pour l'action contre les mines : Animent des ateliers et des présentations interactives sur la question des mines antipersonnel. Suggèrent des moyens d'action communautaire à l'intention de divers groupes et entreprises. Fournissent des outils éducatifs et des idées à l'intention des professeurs et des chefs de groupe. Aident les jeunes et les groupes communautaires à trouver des idées mettre sur pied des activités de financement. Organisent des présentoirs et des kiosques et ils invitent des conférenciers dans le cadre d'activités. Coordonnent une conférence jeunesse annuelle dans leur région.

Nous, riches nord-américains, avons la vie très facile. « Demandez et vous recevez », voici notre devise... Par contre, peu d'entre nous connaissent la signification de ce qu'est la vraie vie !

Imaginez une seconde qu'un engin explosif soit trouvé sur le Mont Royal6…Quelles seraient les mesures d'urgences à prendre pour protéger la population? Pour le savoir, j'ai contacté messieurs Jacques Grégoire, Sécurité Civile, et Benoît Duval, Sergent, Service de police de la communauté urbaine de Montréal (SPCUM) afin qu'ils répondent à ma question.

Tout d'abord, M. Grégoire affirmait que la police, dans un premier temps, après en avoir reçu l'ordre du maire de Montréal, procéderait à l'évacuation de la population dans le périmètre concerné. Les différents intervenants devraient s'organiser pour contrôler les gens évacués afin d'éviter toute panique. Un plan de communication rapide serait mis sur pied pour renseigner la population. La zone de danger serait fermée après l'évacuation complète des gens habitant le périmètre, et ceux-ci seraient mis à bord d'autobus pour être logés dans des centres sociaux ou amenés chez des parents ou des amis.

Pour M. Duval, c'est un peu différent puisque le SPCUM s'occuperait de faire venir les techniciens en désamorçages pour détecter l'engin explosif. Par la suite, les policiers amorceraient une enquête pour identifier la cause. Ce serait la folie furieuse. Les médias s'énerveraient et on en parlerait pendant 10 ans...

A présent, imaginez que vous êtes au Cambodge. Là où l'espérance de vie n'est que de 55 ans environ. La grande majorité de la population n'a pas accès à de l'eau potable et 80 % de la population vit de l'agriculture.

Un des faits importants, c'est qu'au Cambodge, il y a autant de mines antipersonnel que d'habitants! Une mine antipersonnel, ou mine terrestre, est un engin explosif qui n'est généralement pas plus gros qu'une orange. Elle explose au contact d'une pression de moins d'un kilo. Il existe environ 350 types de mines terrestres. Elles peuvent être faites de bois, de métal ou de plastique. Elles se présentent sous différentes formes et couleurs, couleurs particulièrement attirantes pour les enfants.

II y a une caractéristique très importante qui différencie les mines antipersonnel de tous les autres types de mines : le non-discernement. C'est à dire que ces mines ne font pas la différence entre le pied d'un enfant qui joue et celui d'un soldat en temps de guerre. En effet, les mines terrestres ont été inventées lors de la première guerre mondiale. Elles sont enfouies dans le sol « autour d'un pays » pour éviter l'invasion par tous les côtés. Ces mines ne servent qu'à blesser les soldats de l'autre camp, pour en affaiblir les rangs et les ralentir. Les soldats du pays envahi n'ont à combattre que sur un seul front, ce que peut rendre la victoire plus facile. Le problème, c'est qu'une fois les hostilités terminées, personne ne retourne sur le front pour retirer les mines qui n'ont pas explosé. Avec tous les conflits qui sévissent en ce moment, on estime que le nombre de mines antipersonnel enfouies serait de 60 à 100 millions, dans environ 70 pays.

C'est particulièrement dommage puisque ce problème touche presque uniquement les pays en développement. Il est difficile pour ces pays de déminer leur sol puisqu'ils ne possèdent ni le personnel spécialisé, ni l'équipement nécessaire pour le faire.

Le besoin est urgent pour ces pays « minés » puisque, malheureusement, 30 à 40 % des victimes des mines antipersonnel sont des enfants dont 80 % sont des civils, des personnes innocentes.

Tel que mentionné, 80 % de la population cambodgienne vit de l'agriculture. Le sol du Cambodge est entièrement miné. Vous pouvez vous imaginer qu'il est évidemment très dangereux de cultiver la terre dans ce pays puisque les habitants ne savent jamais lorsque leur râteau heurtera une de ces fameuses mines. Peut-être que cette personne sera chanceuse et survivra, mais... avec une jambe ou un bras en moins.

Heureusement, plusieurs organismes tels que la Croix-Rouge bâtissent des centres de réadaptation pour soigner les personnes mutilées en leur offrant une prothèse, de l'aide psychologique et parfois l'occasion d'apprendre un métier adapté à leur nouvelle condition.

Depuis le 1er mars 1999, une loi internationale est entrée en vigueur. Elle interdit l'emploi, l'entreposage, la vente et la production des mines antipersonnel et en oblige la destruction. Il s'agit du Traité d'Ottawa, intitulé ainsi parce que c'est le Canada qui en est responsable. Le 3 décembre 1997, 122 pays devenaient signataires de ce traité. Le processus de signature fut l'un des plus rapides que le monde ait connu, et nous pouvons tous en être fiers. Le Canada envoie des soldats partout dans le monde pour former des gens qui démineront le sol de leur pays afin d'y vivre tranquillement et, surtout, en sécurité.

Aujourd'hui, 139 pays ont signé cette convention ; ce sont les deux tiers des états mondiaux qui appuient l'interdiction complète des mines antipersonnel. J'ai écrit cet article pour sensibiliser encore plus de gens à cette réalité. C'est en faisant tous notre part que nous pouvons en arriver à créer un monde meilleur, plus juste et équitable. Les mines terrestres vont à rencontre de la Déclaration universelle des droits de l'homme, puisqu'elles briment la vie de beaucoup trop de gens et ce, une fois à toutes les 22 minutes. Pensez-y! Au rythme actuel, la terre ne sera déminée que dans 1000 ans.

Apprécions chaque moment que nous vivons puisque nous avons la chance de vivre dans un pays riche, un pays où nous pouvons vivre sans toujours penser à... quand je mettrai le pied sur la mine, à... quand la mort?

Je suis une étudiante de 17 ans, et j'avoue que ce n'est pas toujours évident de voir la vraie vie. Je la vois, je la sens. La vie, je la veux pour ceux qui ne peuvent en profiter autant que le mériteraient tous les hommes et toutes les femmes !

Merci !

Sites web

sur l'action contre les mines terrestres

Programme des jeunes ambassadeurs contre les mines www.dangermines.ca

Mines Action Canada www.minesactioncanada.org

Ministère des Affaires étrangères et du Commerce internationale Passage www.mines.gc.ca

Croix-Rouge canadienne www.redcross.ca

Campagne internationale pour interdire les mines www.icbl.org

Le Centre canadien des technologies de déminage www.ssmat.gc.ca

Le Corps canadien des technologies de déminage www.cidc.ws

La Fondation des mines terrestres du Canada www.canadianlandmine.com

Comité internationale de la Croix-Rouge www.icrc.org/

Handicap International www.handicap-international.org

L'Observatoire des mines www.icbl.org/lm/

tremblement de terre au gujrat

« Mesures d'urgence » Établies par les bénévoles Indiens. lors du tremblement de terre survenu dans la province du Gujrat le 26 janvier 2001

Le tremblement de terre qui s'est produit dans la province du Gujrat, en Inde, a fortement secoué le cœur de toute la communauté indienne de Montréal et du Canada.

Le 26 janvier 2001, la Maison de l'Inde se prépare à fêter le 50e anniversaire du jour de la constitution de l'Inde. Une invitation a été envoyée au maire de Montréal, aux députés et aux membres de l'Assemblée nationale du Québec. La programmation de la cérémonie a été annoncée dans tous les médias. La communauté indienne est animée par la joie de fêter cet événement.

Le matin du 26 janvier, à 5 h 30, le téléphone sonne à la résidence du Dr Uma Shanker Srivastava, qui apprend par monsieur C. B. Singh la triste nouvelle du tremblement de terre au Gujrat. Bilan : plus de 20000 morts et des milliers de disparus, de nombreux blessés et sans-abri.

L'atmosphère change totalement

La première idée qui vient à l'esprit du Dr Uma Shanker Srivastava est de mobiliser la communauté indienne afin de venir en aide aux victimes.

Entre 5 h 30 et 9 h 30, la sonnerie du téléphone retentit dans presque toutes les maisons de la communauté indienne. Tout le monde écoute les nouvelles à la télévision ou à la radio. On lit les journaux, on prend les nouvelles sur l'Internet.

Des contacts sont établis avec les temples guruduaras, les mosquées, les églises (organismes sud-asiatiques religieux), les organismes communautaires et le Haut Commissariat de l'Inde pour faire des collectes d'argent, de vêtements, de médicaments.

À 9h 30, le comité exécutif de la Maison de l'Inde se réunit à Bharat Bhavan (« Maison de l'Inde » en langue hindie). Durant la réunion, le comité rencontre l'équipe de Télévision Quatre Saisons (TQS) et lance un appel à l'aide pour les victimes du tremblement de terre. Le message, diffusé aux nouvelles de midi, s'adresse aux membres de la communauté indienne et à toutes les autres communautés de Montréal.

Durant la journée, on s'assure auprès des autorités que tous les dons sont envoyés à des organismes attitrés.

Trois moyens sont utilisés pour envoyer l'argent, les médicaments et les vêtements : par la CroixRouge, le fonds du premier ministre de l'Inde par l'intermédiaire du Haut Commissariat de l'Inde et par l'un des prochains vols de Air India en partance de New York.

À 17 h 30, l'équipe de TQS est à la Maison de l'Inde afin de réaliser les entrevues destinées à la diffusion lors du bulletin en direct de 18 h. Durant les entrevues, la Maison de l'Inde fait à nouveau appel à la population en vue d'amasser des fonds pour venir en aide aux victimes.

On demande alors aux donateurs d'envoyer un chèque pour le fonds d'aide au Gujrat, et on annonce qu'il y aura une vigile aux chandelles pour les victimes, le vendredi.

Monsieur Pierre Bourque, maire de Montréal, remet au nom des citoyens et citoyennes la somme de 25 000 $. Madame Fatima Houda Pépin, du comté de Lapinière (Brassard), puise de son porte-feuille de député la somme de 1000$.

par Docteure Uma Shanker Srivastava

Récipiendaire du Prix Hommage Bénévolat Québec 2001 Hommage Bénévolat Canada 2001

Hommage à un citoyen Ville de Brassard 2001 Méritas Civitas, Citoyenneté et immigration Canada 2000 Ordre du Mérite, Ville de Brossard 2001

En tout, 37000 $ sont recueillis durant la vigile à laquelle participent plusieurs membres importants des communautés indiennes et de nombreux dignitaires parmi lesquels figurent son Excellence Rajni Verma du Haut Commissariat de l'Inde, le maire de Montréal, des députés fédéraux et provinciaux, ainsi que des conseillers municipaux.

En tout, 137000 $ sont remis en argent. On reçoit également environ 60000 $ sous forme de vêtements et de médicaments.

Les efforts déployés par le temple Ramji Mandir pour la collecte des vêtements ont été remarquables. La Maison de l'Inde a établi les mesures nécessaires pour apporter le réconfort aux familles sans nouvelles ou touchées par le deuil, en collaboration avec ses partenaires et des organismes de la communauté sudasiatique.

L'effort des autres communautés (québécoises et autres) a été évident durant toute la durée de la catastrophe, que ce soit par l'envoi de dons ou de chèques, les appels téléphoniques ou les contributions recueillies durant la vigile. À l'exemple des dons de M. Pierre Bourque et de Mme Fatima Houda Pépin, le gouvernement du Canada a remis 10 millions de dollars par l'intermédiaire de l'ACDI pour aider les victimes du tremblement de terre. Toujours dans loi cadre de notre appel à l'aide internationale, des démarches ont également été faites auprès de M.

Jean-Pierre Charbonneau, président de l'Assemblé nationale du Québec, qui verra à faire le suivi des correspondances échangées avec le gouvernement du Québec.

Grâce à l'engagement des bénévoles, il est évident que la Maison de l'Inde, un organisme à but non lucratif, a réussi à mobiliser les institutions religieuses, les organismes communautaires sud-asiatiques, ainsi que les communautés indiennes de Montréal et du Canada, dans la perspective de les faire réagir rapidement durant ce sinistre et d'établir des « mesures d'urgence ».

Oeuvres isidore ostiguy

Se retrouver à la rue le 1er juillet

Par François Roy

journaliste bénévole

Le logement influe de multiples façons sur le bien-être économique et social des personnes et des familles : il constitue un abri contre les intempéries, il représente la sécurité et la vie privée à l'égard du monde extérieur, il est l'endroit où l'on se détend, où l'on apprend et où l'on vit et il permet d'accéder à un certain confort. Par ailleurs, le logement place les ménages dans un contexte de voisinage particulier, qui a une influence sur les relations avec les parents et les amis et sur l'accessibilité aux achats, aux loisirs, aux services publics et à l'emploi.

En un mot le logement est non seulement un bien vital incontournable, mais aussi un droit qui conditionne en grande partie l'existence des personnes qui l'occupent. Sous nos froides latitudes, c'est dans le logement que les plus jeunes apprennent à découvrir le monde et se relient à la génération précédente. Pour les adultes, c'est un lieu de récupération après les heures passées à travailler. Pour les personnes âgées, il est le lieu où se concentre leur énergie. Le logement représente pour chaque personne l'investissement le plus important et, en même temps, le bien qui a le plus d'influence sur leur développement et leur santé.

On constate malheureusement que ce droit dit essentiel est bafoué pour de plus en plus de personnes et de familles privées de logis, comme en fait foi l'accroissement sans précédent dans nos grands centres urbains du nombre de personnes et de familles itinérantes.

L'exclusion sociale et l'itinérance comptent parmi les problèmes majeurs de notre société. Plus encore qu'hier, les personnes et les familles touchées par ces problèmes sont victimes d'une conjoncture socio-économique où les lois du marché prennent le pas sur la solidarité. Ce durcissement des règles du jeu économique et ses conséquences néfastes sur les conditions de vie et la santé de la population deviennent le ferment de leur désœuvrement et d'une dégénérescence du tissu social.

La grave pénurie de logements locatifs qui secoue les grandes agglomérations urbaines du Canada et du Québec fait que cette situation, déjà dramatique pour des centaines de ménages à faible et modeste revenu, prend des aspects de plus en plus cauchemardesques. Dans la région d'Ottawa-Hull, les taux de vacance sont quasi inexistants et la situation, extrêmement préoccupante, notamment pour les personnes et les familles aux prises avec des fragilités sociales qui se trouvaient déjà en position de précarité, au point que plusieurs d'entre elles n'arrivent plus à se loger malgré des mois d'efforts soutenus.

Marché locatif en Outaouais urbain : la pire pénurie de logements depuis les années quarante

Le dernier rapport sur le logement locatif, publié par la Société canadienne d'hypothèques et de logement le 30 novembre dernier, a confirmé les pires appréhensions. Il faut remonter à près de soixante ans en arrière, soit après le deuxième conflit mondial, pour retrouver une telle rareté de logements dans la région de la capitale fédérale.

Le taux de logements inoccupés a en effet glissé bien au-dessous du seuil critique de 3 %. Si le taux est de 2,2 % pour l'ensemble du Québec, il atteint à peine 1,4 % à Hull, reculant de trois points depuis l'an dernier, la pire chute de tout le Québec. Les logements familiaux de 2 chambres et plus sont encore plus rares ; leur taux d'inoccupation se situe à près de 0 % dans certaines municipalités telles que Hull et Gatineau.

C'est loin d'être une bonne nouvelle pour les ménages locataires les plus précaires, puisque les propriétaires profitent de cette pénurie pour augmenter les loyers et faire preuve d'attitudes encore plus discriminatoires lors de la location des logements disponibles.

Soulignons que les loyers situés dans la région métropolitaine de Hull demeurent les plus élevés au Québec. Pour les locataires qui sont prestataires de la sécurité du revenu, il est donc plus coûteux d'habiter dans notre région. Concrètement, cela signifie pour eux moins de nourriture à mettre sur la table et de vêtements à se mettre sur le dos.

À ce nombre déjà sidérant de ménages affectés par la crise du logement, il faut ajouter tous ceux qui paient un loyer moins cher pour vivre dans des logements de piètre qualité, voire des taudis. Toits qui coulent, balcons non sécuritaires, logements mal isolés, vermine omniprésente sont malheureusement le lot de plus en plus de familles démunies, forcées d'accepter les pires conditions de logement, faute de place dans les logements sociaux.

Il apparaît clairement qu'une très large couche de familles démunies sont victimes d'un processus d'exclusion sociale et économique et que leurs conditions de vie se détériorent constamment. Cette double exclusion se traduit par la désintégration de leurs liens avec l'ensemble des réseaux sociaux, situation qui accroît considérablement le risque de marginalisation, d'isolement et de vulnérabilité de ces familles.

Des pratiques de logement novatrices qui favorisent une démarche de réinsertion sociale axée sur la maîtrise de son environnement et l'appropriation d'un pouvoir d'action sur ses conditions de vie (empowerment)

Dans nos sociétés modernes, malgré une culture centrée sur l'individu, il y a heureusement de nombreux groupes qui prennent racine dans différents milieux et qui permettent d'agir collectivement. Ces groupes soutiennent leurs semblables qui ne peuvent compter sur l'aide de parents, d'amis, de voisins ou de collègues. Cette solidarité prend aussi la forme d'expériences humaines qui visent à compenser les déficiences de l'État ou à offrir parallèlement des services à la population. Les démunis des milieux populaires et de la société se donnent des instruments d'intervention importants pour pallier à la détérioration de leurs conditions de vie. C'est dans ce contexte que se multiplient depuis une dizaine d'années les pratiques novatrices dans le domaine du logement au Québec. Les interventions pour les personnes et les familles vulnérables sont variées et impliquent différentes formes d'aide au logement et d'accompagnement social.

Les formes d'intervention en matière de logement peuvent comprendre la prestation d'information, l'aide individuelle, l'offre de logements sûrs et abordables et les références aux institutions. Pour ce qui est de l'accompagnement social, les formes d'interventions peuvent consister en la présence d'intervenants qui assurent la sécurité et le soutien des locataires ou prendre la forme de réseaux d'entraide et de soutien.

Le développement de ces nouvelles formes d'intervention a largement bénéficié d'un courant de fond dans l'organisation des services en santé mentale, notamment aux États-Unis. Ce courant, que certains qualifient de changement de paradigme, postule que les personnes ayant des problèmes de santé mentale, même sérieux, doivent pouvoir vivre dans des milieux ordinaires et participer pleinement à la prise en charge de leur propre vie dans la mesure où on leur en donne les moyens. C'est de ce courant notamment que sont nés et se sont développés les services de soutien au logement (Supported Housing). Ces formules basées sur le logement tranchent avec les systèmes antérieurs, toujours en vigueur, fondés sur l'hébergement. Cette distinction entre lesnotions de logement et d'hébergement est importante. Elle se résume comme suit :

Ainsi, comme on le voit, le fait d'avoir son propre logement implique de pouvoir bénéficier des mêmes règles associées à ce mode de vie : libre choix, aménagement physique des lieux, lien contractuel (bail). À cet égard, l'évolution des services tend vers le développement de modèles d'intervention qui accordent un rôle dominant et central à la personne au lieu d'en faire un consommateur passif en milieu protégé.

Les mesures de soutien au logement les plus favorables ont pour caractéristiques d'être souples et hautement individualisées ainsi que de favoriser un rapport intime et quotidien avec les personnes et ce, qu'il s'agisse d'aide à la vie quotidienne, de soutien à domicile ou thérapeutique ou encore d'accompagnement. Dans cette optique, les intervenants sont appelés à travailler avec les proches, les voisins ou même tes propriétaires de la personne ou de la famille en difficulté.

En 1996, devant cette situation tout à fait inadmissible et l'incapacité du Comité Logemen'occupe (seul organisme d'intervention en matière de logement sur le territoire de la communauté urbaine de l'Outaouais CUO) de répondre adéquatement à l'ensemble des nouvelles demandes de services des mal-logés de cette région compte tenu de sa capacité financière limitée et de son impuissance à l'améliorer (devant l'impossibilité d'obtenir un numéro de charité), le coordonnateur de cet organisme de défense de droits des mal-logés, M. François Roy, a lancé l'idée de créer un organisme caritatif dont la mission serait strictement limitée à la réalisation d'activités de services visant à soulager la pauvreté des centaines de personnes et de familles mal-logées ou sans logement vivant sur le territoire de la CUO.

Après plus d'un an de travail bénévole acharné de la part de son instigateur, l'organisme Les Œuvres Isidore Ostiguy a été fondé le 14 août 1997 et lancé officiellement à l'automne 1998, lors d'une conférence publique donnée par le généticien, philosophe et humaniste français, Albert Jacquard. S'inspirant de l'engagement et de la démarche sociale d'Isidore Ostiguy, un père capucin qui est venu à Hull à la fin des années soixante et a œuvré auprès des mallogés au cours de ces nombreuses années, M. Roy, avec l'appui de son jeune conseil d'administration, entreprit de mettre en place un projet ambitieux pour améliorer les conditions de vie des mal-logés et des sans logis qui vivaient sur le territoire de la CUO. Il s'agissait d'instaurer des services individualisés pour les locataires en difficulté ainsi qu'un projet immobilier de treize logements communautaires, dont onze logements permanents pour personnes seules et fragilisées et deux logements de dépannage pour familles sans logis.

L'idée de base était de mettre de l'avant des services à l'intention des premières victimes7 de la crise du logement, notamment les familles et les personnes en position de précarité sociale par manque de ressources ou en raison d'une situation personnelle ou familiale difficile. Inspirée par le concept du supported housing, l'intervention des Œuvres vise à permettre aux personnes et aux familles soutenues d'acquérir, de se réapproprier ou de maintenir une certaine autonomie. On compte atteindre cet objectif fondamental en favorisant l'acquisition des apprentissages liés à la vie courante (gestion budgétaire, alimentation, etc.), en faisant la promotion de l'appropriation individuelle et collective des logements, en contrant l'isolement individuel et social des ménages locataires et finalement, en favorisant l'engagement de ces derniers dans le milieu environnant.

Le 1er mars dernier, au terme d'une autre année d'efforts et de dévouement pour obtenir les subventions nécessaires à la mise en place de ce projet immobilier de plus d'un million de dollars, les fonds nécessaires pour acquérir les meubles des treize logements et mettre en place l'équipe d'intervention, Les Œuvres ont pu enfin procéder à l'embauche du personnel de base, accueillir les premiers locataires et commencer à offrir les premier services.

Après plus de quatre mois d'opération, il ne fait aucun doute que ces nouveaux services coordonnés bénévolement par l'instigateur du projet s'avèrent essentiels pour la communauté outaouaise comme en témoigne le fait que les treize logements ont été occupés immédiatement et que la jeune équipe des Œuvres a dû répondre à des dizaines d'appels quotidiens de locataires en difficulté et venir en aide à une cinquantaine de familles sans logis.

Bref, après ces quelques mois, on constate que la mise en place de cet organisme s'avérait nécessaire et qu'il détient, malgré son jeune âge, une expertise spécifique. En effet, l'intervention va au-delà du symptôme en modifiant les valeurs des personnes et des familles aidées. Il s'agit d'une façon originale de faire de la prévention, très différente de celle de l'État et des institutions qui appliquent des programmes généraux qui ne sont pas liés directement aux problèmes des personnes et des familles. Le bénévolat et l'entraide offerts aux Œuvres approfondissent le lien avec les personnes, ce qui permet de comprendre les causes personnelles et uniques du problème et ainsi, de susciter des changements plus globaux.

Pour les membres de ce nouvel organisme caritatif, il est clair que les nombreuses heures de bénévolat accomplies ont joué un rôle prépondérant auprès des dizaines de personnes et de familles aidées à ce jour et qu'elles ont fait en sorte que nombre d'entre eux ont retrouvé un sens à leur vie. Tous s'accordent pour souligner néanmoins que l'œuvre de l'organisme, aussi importante sortelle, ne constitue pas une panacée comme on peut parfois avoir tendance à le croire dans le contexte de la crise de l'État-providence. Pour eux, ce type de groupe ne peut évidemment remplacer la fonction de l'État, qui doit toujours garantir un véritable droit au logement décent et abordable pour toutes et tous.

1 MINUAR : Mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda.
2 Garde côtière canadienne auxiliaire
3 Association civile de recherche et de sauvetage aériens (Civil Air Search and Rescue Association)
4 Sauvetage effectué au moyen d'outils à main et ne nécessitant pas d'équipement spécialisé.
5 Opération qui requiert des équipements mécanisés, souvent imposants, tels que des grues (par exemple : solidification ou destruction d'un mur, etc.)
6 Fiction ? Le 13 avril 2001, le gouvernement français ordonnait l'évacuation de la population de la ville de Vimy (Pas-de-Calais, France) parce qu'on trouvait dans un état de dégradation extrême un dépôt de munitions datant de la première guerre mondiale. Le Monde interactif, 30 mai 2001.
7 Les oeuvres viennent en aide à toute personne ou famille démunie sans logis ou mal-logée ou qui est aux prises avec des problèmes importants et persistants de bien-être occasionnés par des ennuis de logement et de pauvreté.
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